vendredi 15 juin 2018

Les chroniques du retour…

J'aurais vraiment voulu bloguer plus depuis San Francisco, mais le temps, mais l'envie de me balader, mais les habituelles limitations de mes capacités de travail… 

Je vais donc vous offrir quelques flashbacks auxquels j'avais pensé sur place. 

Comme : le dernier jour. 

Le dernier jour, je me suis dit qu'il est vraiment plus facile de faire ses bagages dans un grand appart où l'on n'a finalement pas étalé grand chose (quoique…) que de préparer un départ à l'étranger et sa cohorte de paperasseries. Je savais donc qu'un uber m'attendait (oui, les adorables jeunes personnes du consulat s'occupaient de ce genre de chose, et nom de dieu que c'est pratique quand on est comme moi une anxieuse chronique qui mets deux heures pour faire le moindre truc du genre — ça n'aurait pas été le cas si j'avais eu un téléphone fonctionnel, mais mon Logicom de base n'a pas voulu de la carte sim de T-Mobile, j'ai donc fait tout le séjour sans portable). Donc un uber m'attendait, et sachant que je me débrouille avec une valise dans un escalier (vous vous souvenez de l'escalier ?)
comme une limace avec des haltères, je suis sortie et j'ai fermé la porte avant midi pour midi et demi. Et je n'avais pas le code du key lock pour y mettre la clé, donc je l'ai laissée chez le voisin
avant de m'attaquer à l'escalier. Et là, miracle, à peine avais-je lamentablement monté trois marches qu'une dame est apparue tout en haut, m'a vue et m'a gentiment aidée à monter la valise. (L'a montée toute seule, en fait.)
Une fois en haut deux fois plus vite que prévu, je n'ai donc plus eu rien d'autre à faire que m'assoir sur un muret, profiter une dernière fois de la vue des maisons voisines et de la rue avec son bois d'eucalyptus tout au bout. 

Et par ailleurs, j'ai trouvé que cette belle ville manquait de chats. Oui bon, je finirai ma vie en vieille dame à chats, c'est ainsi et il y a pire. Donc, dans le quartier tout de même assez chicos où je me trouvais, j'ai croisé des pères et des mères accompagnant manifestement des mômes en âge d'aller à la maternelle, des jeunes gens qui devaient être des étudiants de la fac de médecine/hôpital d'un gros pâté de maisons plus loin, et une quantité hallucinante de femmes entre vingt-cinq et trente-cinq ans à peu près, portant des leggings de sport hyper moulants et ce que j'appelle des baskets du futur (mais là-bas j'avais l'impression que tout le monde portait des baskets du futur, tout ce qui changeait étant leur état d'usure). Et certaines, ainsi que des dames un peu plus âgées mais en général minces, avaient des chiens. San Francisco, c'est une ville à chiens, de toutes les races, mais plutôt petits ou moyens, et que des gens minces baladent sportivement dans les parcs et les rues, qui dans les quartiers les plus agréables sont plantées d'arbres. 
Évidemment, on ne balade pas les chats, et on a en général bien raison, parce que la plupart n'aiment pas porter un collier ou un harnais et préfèrent vaquer peinards à leurs occupations félines. 
Donc, en six semaines, j'ai vu quatre chats : un gros gris poilu derrière une fenêtre dans la rue où aboutit le bas de l'escalier, un gros roux pâle lui aussi à poils longs dans le bout de jardin derrière la maison, un gris à poil court et patte blanche (je ne sais plus laquelle) et celle-ci, pendant que j'attendais mon uber. Je pense que c'était une elle parce qu'elle mrrrrrouait de façon caractéristique et était assez familière. 

Sinon, il y a un bar à chat dans cette ville, mais j'ai laissé tomber quand j'ai vu les prix. Les chats, on en voit normalement partout, non ? 

Bref.

Que je précise un truc : je me suis demandée, tout au long de ces semaines, en contemplant les eucalyptus et les crassulae géantes et les fameuses maisons à bow windows et délicieux décors peints, où étaient les électeurs de Trump. Pas dans mon quartier bobo/CSP+++/étudiants, pas dans le centre et ses gratte-ciels bancaires (quoique), pas à la plage, pas sur les quais et leurs touristes, pas à Mission, ou dans le quartier japonais ou chinois — partout ce n'étaient que des gens normaux, voyez-vous, jeunes, moins jeunes, avec ou sans enfants, horriblement sportifs dans bien des cas, noirs, hispaniques, asiatiques. On lit mal certains signes à l'étranger (c'est pour ça que c'est reposant), on repère moins bien, ou moins vite, le gros beauf de droite qu'on connait chez soi — parce que non, les vrais gens ne sont pas comme dans les films. 

Je suis montée dans mon uber, une grosse bagnole (c'était tous de grosses bagnoles ultra confortables) et le chauffeur étant du genre bavard, on a commencé la conversation habituelle : aéroport, retour, française, déjà venue dans le coin il y a vingt ans, blablabla. 
Bon, je ne l'ai pas vu longtemps, mais c'était quand même un peu le genre Clint Eastwood, soixantaine en forme, œil bleu et vif, conduisant bien (ils conduisaient tous bien).
Et là, au détour de je ne sais plus quelle phrase, quelque part sur la sortie de la ville, après les échangeurs géants aux boucles de béton hideux superposées et les malheureux sdf qui vivent dessous, il me demande : « What do they think of Trump in your neck of the woods ? » Qu'est-ce qu'on pense de Trump par chez vous ? 
Le cerveau de la mère Denis, qui généralement répond sans réfléchir (sauf pour faire la maligne ou faire rire…) se dit alors, ouh là, ma vieille, c'est le moment de ne pas dire la première sottise qui te vient, et encore moins ce que tu pense vraiment du gros sac nazi. Et je réponds un truc bien vague et n'engageant à strictement rien de rien. Je ne sais plus trop ce qu'il a répondu, mais il m'a raconté qu'en gros, il faisait ce job parce que lui et sa femme se payaient un voyage en Floride, et que donc il bossait (en plus de son job normal, ou de sa retraite, ou autre, il n'a pas dit) pour se le payer. Et que donc, Trump, cet homme efficace, le pays, etc, et que l'économie était en bonne santé.

J'ai donc fait des hmmm et des haaaaa et nous avons traversé toute la périphérie de San Francisco — et ses collines qui disent clairement que le climat est tout de même sacrément sec — et nous sommes arrivés à l'aéroport où je suis entrée en me disant, ben voilà, tu en as vu un.

Un type qui emmenait une nana qui a, au mieux, de quoi vivre mais qui avait profité pendant un mois et des poussières des miettes dorées, non, pardon, des largesses de la République avant que l'une et les autres ne disparaissent vu la vitesse à laquelle certains sont en train de les détricoter.

Oui, bon.

La prochaine fois, je vous parlerai des séquoïas. 

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