samedi 29 juin 2013

To be or not to be…

Ordoncques, après avoir longuement (cinquantes piges en novembre, hébéoui…) réfléchi à la question, je pense pouvoir dés à présent vous donner la permission, pour demain et les temps à venir de quand de je serai mourue et de toute façon pas en mesure de protester de quelque façon que ce soit, de me qualifier d' « écrivain de science-fiction » si ça vous chante.

Parce qu'il faudrait, pour ne pas se sentir diminué, appauvri et en quelque sorte pas assez anobli, ne pas assumer ce que l'on est et qu'en ce qui me concerne j'ai toujours voulu être. Il faudrait vouloir être un écrivain dans une sorte de pureté de l'être dont je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a quelque chose à voir avec les Idées de Platon et les anges du ciel et toutes ces choses qui ne sont là, dans l'esprit de certains, que pour souligner le fait que nous vivons dans une réalité de seconde catégorie.

Seconde catégorie mon cul.

Il est bien possible que pour certains « écrivain de science-fiction » ou « de polar », ou de ce qui vous plaira, soit situé moins haut dans l'échelle de l'écritude qu'écrivain d'auto-fiction, ou de best-sellers, ou de blablateries petites-bourgeoises ou de sérials-killers mais… c'est leur problème.

C'est leur problème de croire qu'on peut être un écrivain sans écrire quelque chose. Écrivain dans une sorte de monde idéal et dépourvu de la salissure des genres et de leurs nécessités. Écrivains ici et maintenant, là où l'on se trouve et où l'on veut être, et reconnu par les gens pour qui on a un minimum de considération, d'admiration et parfois même de respect. Et lu, avec un peu de chance, par des gens qui partagent vos goûts et vos lectures.

C'est leur problème si leur petite caboche de plumitifs de la presse généraliste, de programmateurs de chaînes de télé à la con et de conservateurs de littérature du siècle avant dernier n'est pas capable de se fourrer dans le crâne qu'ils sont passés à côté de leur époque en passant à côté des genres. Leur problème, pas le mien. Qui n'en ait aucun avec le concept de genre ou avec le fait que les auteurs existent dans le vrai monde, ou les bouquins sont vendus sur des étagères avec des étiquettes et des couvertures et où les auteurs ne sont pas de purs esprit œuvrant dans le firmament du verbe, mais des gens assis le cul sur des vraies chaises qui  payent leurs vraies factures avec du vrai argent qu'ils tirent de leur vrai travail, comme tout un chacun.

Alors, regretter qu'on me considère comme un écrivain de SF ? Quelle drôle d'idée.



dimanche 23 juin 2013

Le petit supplément de la Mère Denis du dimanche, n° 12 :

A comme abécédaire : moyen simple, gai et juste ce qu'il faut  de foutraque pour l'auteur encore dans les choux d'écrire quelque chose sur les festivals et salons où elle est allée ces derniers temps, en l'occurrence, les Imaginales et les Futuriales.

B comme bêtise, bévue ou bourde : j'adore prendre l'avion, me trouver dans un engin puissant et qui vous transporte dans le ciel, c'est bien ce qui se rapproche le plus d'un voyage spatial, non ? Et donc, en rentrant d'Épinal, les préposés à l'auscultation des bagages me retiennent, moi et ma trousse de toilette. Ben pourquoi ? Ben parce que, ah ah, j'avais oublié, dieu sait quand et comment, un tournevis dedans.

C comme collègues traductrices : Michèle Charrier et Florence Dolisi étaient aux Imaginales, et on a pu nous voir, assises devant des coupes de champagne au bar le samedi soir.

D comme déguisement : je veux un costume de mousquetaire, me suis-je écriée je ne sais plus quel jour en voyant un gamin tirer l'épée. C'est vrai quoi, pourquoi est-ce que ça serait toujours les mêmes qui mettraient de grands et beaux chapeaux à plumes ?

E comme écriture (match d') : organisés par le Club Présence d'Esprit le vendredi après-midi des Imaginales. J'ai accepté l'invitation parce que, eh, pourquoi pas, voyons voir ce que ça donne, et puis j'aime bien rencontrer et causer avec des p'tits jeunes. Un article ici. J'ai passé un temps fou à me battre avec le pc qu'on m'avait prêté (rien de plus exaspérant que de perdre du temps parce qu'on ne trouve pas une touche, une seule…), mais j'ai sorti une petite nouvelle méchante (les contraintes que j'avais tirées étant "un sceau qui fond tous les ans" et "faut rigoler" que je compte bien rebidouiller un de ces quatre.

F comme fragments : aux Imaginales, une espèce de poussière de bouts de trucs qui collait aux chaussures et se mettait partout, et dont on ne comprenait pas d'où elle venait ni ce qu'elle était jusqu'à ce que je regarde sous mon sac que je venais de poser par terre et que je comprenne : c'était des morceaux de la couche plasticoïde du plancher de la bulle qui se fragmentait et partait en poussière crade qui collait à tout.

Gail comme Gail Carriger : auteur du Protectorat de l'Ombrelle, que je traduit. Charmante et bien habillée, comme il se doit, mais également très occupée et demandée. Vous pouvez la retrouver ici (son tout aussi charmant mari a pris une photo de nous deux, qui finira bien par apparaître).

H comme hôtel & hôpital : j'aime ça, les hôtels. J'aime cette uniformité  à base de salles de bains, de lits bien faits et de fonctionnalité standard. J'aime la sensation que je pourrais être en vacances et ne rien faire qu'écrire, sans avoir à me préoccuper de la moindre intendance, dans un décor où n'aurait pas sédimenté des années de vie. L'hôpital, tout aussi impersonnel et pratique au niveau de l'intendance, j'aime moins, mais j'y retourner demain pour qu'on m'enlève la plaque et les vis dans mon poignet et mon coude suite à l'accident. En espérant qu'à long terme ça sera mieux question douleur et mobilité du poignet. J'emmène mon cahier pour bosser sur la Substance des Dieux (la suite de Haute-École) et la liseuse avec Existence de David Brin, ou comment traiter le paradoxe de Fermi au 21ème siècle.

I comme idées et mathématiques : une vidéo comme ça, parce que je cherchais un truc avec i :





L comme lecteurs : merci à ceux qui sont venus me voir et à qui j'ai eu le plaisir de dédicacer des livres, et en particulier celui qui n'a pas voulu donner son nom (une première, mais pourquoi pas !)

M comme maroille et  munster : Estelle Blanquet, qui hébergeait certains des participants aux rencontres Science et Fiction de Peyresq auxquelles j'ai eu la chance d'être conviée avant d'aller aux Imaginales, avait fait des tartes aux maroilles (recette de sa grand-maman) absolument délicieuses. Bon, la tarte au maroilles est un goût acquis des années où j'étais prof à Denain, mais qu'est-ce que c'est bon ! Et dans la note fromages qui puent, à Épinal, j'ai testé le munster fondu sur une cassolette de pomme de terre et lardons au restaurant le Basilic. Exquis aussi et pas bon pour ce qui ne me reste pas de ligne, c'est un fait.

N comme Nature : posté par le site Next Nature cette semaine : "Any sufficiently advanced technology is indistinguishable from nature."

O comme organisation : en ce moment, de mes prochains salons. Il y aura Scientilivres, Sèvres et retour à Épinal si les dieux de la logistique sont avec nous.

P comme Peyresq : village belge des Alpes de Haute-Provence où ont lieu depuis sept ans déjà les inestimables rencontres Science et Fiction. Le sujet cette année était Stanislas Lem, auteur que je n'avais tout simplement pas lu sauf dans divers articles sur Solaris. Pourquoi pas lu ? Eh bien, en grande partie parce que ce qu'on en disait dans les années soixante-dix ou quatre-vingt, époque à laquelle je faisais tout de même de mon mieux pour lire les classiques, ne reflétait absolument pas l'humour du bonhomme, me conduisant à penser que je n'apprécierais pas ses écrits. Ce qui m'a permis de le lire maintenant et de l'apprécier en fait beaucoup mieux. Il ne faut pas lire tous les classiques étant jeune, ça en laisse pour plus tard et ce n'est pas plus mal.

Q comme que voulez que je trouve avec une lettre pareille ?

R comme ras-le-bol : de tout et la plupart du temps, mais depuis quand ai-je besoin d'enthousiasme pour faire quoi que ce soit ? Un peu d'acharnement quotidien suffit, en réalité. Parfois je m'arrête et je regarde autour de moi et je me demande ce que je fiche là, dans cette maison, dans cette ville, dans cet univers. Étrangeté radicale et indépassable. Rien à y faire. Attendre que ça passe. Ça passe d'ailleurs. Et puis ça revient.

S comme sang : à Épinal, on pouvait voir, de temps à autre, des gens se balader avec de fausses cicatrices très réussies. D'autant plus étrange que je n'ai pas repéré qui les réalisait…

T comme train : vu à la gare Montparnasse, en descendant du TGV la veille des Futuriales, un monsieur à l'air anglais qui tenait un panneau en carton où était écrit « Mr et Mrs Simpson ». Si.

U comme utilisation intensive de youtube : pour regarder la série d'Albator 78 et venger un vieux sentiment de frustration datant de la fin des années 80, le souvenir d'un personnage apprécié mais dont je n'avais jamais vu l'entièreté des aventures. Considérations sur l'âge et la vengeance. Ça ne servirait donc qu'à ça, vieillir, à défaire tous les vieux nœuds accumulés autrefois ? Et je ne parle pas des livres que je range depuis deux mois. Tous ceux que j'ai lus et dont je ne me rappelle pas ou presque. Les garder ou pas ? Garder ceux qui ont une valeur sentimentale, comme on dit, d'accord) mais les autres ? Les relire ? On ne peut pas à la fois relire et lire du neuf, il y a en trop, de tout, du passé et du présent. Aucune importance en fait : faire ce qu'on a envie de faire, car seul l'instant compte, le passé est le passé, toujours passé, nous n'y sommes plus. Il est toujours déjà trop tard et toutes ces choses.

V comme vivant et technologie : vu En vie, aux frontières du design, une expo sur la rencontre du design et des biotechnologies. L'installation de Philip Beesley est un plaisir, on aurait envie de rester très longtemps tellement c'est délicieusement sensoriel, léger et dépaysant.



W, X, Y, Z  et J et K comme fin de l'exercice, retour au boulot (ben oui, c'est pas à l'hôpital que je vais faire avancer le schmilblick).

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