mercredi 22 décembre 2010

Joyeux Noël.

Noël, si on y réfléchit bien, n'est en fait, pour la plus grande partie de notre existence, qu'un interminable, inutile et douloureux exercice de nostalgie.

Je ne me souviens pas d'avoir "cru" au Père Noël. Je me souviens d'avoir attendu qu'une puissance abstraite et merveilleuse — et dont l'existence n'était attestée que par la parole de mes parents — fasse se matérialiser des cadeaux sous un sapin (un vrai, qui clignotait et qui sentait bon et dont l'odeur disparaissait avec l'assèchement de ses innombrables et traîtresses aiguilles et les protestations de ma maman, qui allait devoir les ramasser… )



Je me souviens d'avoir, en tant que grande sœur, prétendu qu'il existait pour mon petit frère, plus jeune, et qui y croyait encore. Noël était donc déjà, à ce compte là,  un souvenir.

Une invention, et pas un mensonge.
Les parents ne mentent pas en parlant du père Noël, et s'ils mentent, combien d'enfants les croient-ils bêtement, sans jamais les questionner ? Mes parents avaient des réponses à toutes les questions que pouvaient poser leurs filles en quête de la vérité noëlliene. Essayer de savoir si l'on vous fait marcher, et comment, et jusqu'à quel point, fait partie du jeu. Et quel enfant n'a pas été ravi d'avoir deviné, et en devinant, d'être passé dans le monde des adultes, ou la parole est reine et instaure l'existence de la magie ?

Plus tard, on revient chez ses parents pour essayer de la faire revivre, durer, revenir. En vain. Les madeleines ne sont pas des machines à voyager dans le temps.  Je suppose que les gens qui font des enfants s'efforcent de leur donner ce qu'ils ont reçu — ou pas, de toute façon, rien de tout ça n'existe plus ailleurs que dans leurs mémoires.

J'essaie d'imaginer comment mes nièces se rappelleront un jour de leurs Noëls.

Un interminable exercice de nostalgie…

dimanche 12 décembre 2010

Back from Sèvres.

Bon, ben Sèvres, c'était bien. Voir Markus Leicht prendre en photo Michel Jeury, Gérard Klein et Yves Frémion en train de papoter, c'était bien. Et Roland retrouver un pote avec qui il échangeait des Fleuves quand ils étaient mômes aussi. Les expos étaient superbes, les gens étaient de bonne humeur. Que demander de plus. Ah, si, une charmante jeune femme est venue me dire qu'elle avait utilisé Haute-École dans un DEA pour montrer qu'on pouvait écrire de la fantasy pas complètement conne. Et les trois chats ont été sages à la maison. Dès fois on pourrait croire qu'on est tombé sur le bon univers…

samedi 30 octobre 2010

Le couloir du consommateur mort.

Dis-moi où tu fais ton marché et je te dirai qui tu es.
Ou combien tu gagnes. Et où tu habites. Sans oublier le statut socio-professionnel de tes arrières-grands-parents, je parie. Enfin bref. 

Je suis allée faire trois courses à Auchan, où je n'avais pas mis les pieds depuis un moment, préférant des lieux moins chers et moins grands. Lequel Auchan a été agrandi-refait il y a peu sans que je vois le résultat final de  la pensée moderne en action. Allons-donc, me dis-je, faire un tour à Auchan, puisqu'on y trouvait autrefois de la pâte de curry consommable qu'on ne trouve pas ailleurs (oui, la province, c'est dur parfois.)

Évidemment, le rayon exotique a été refait : on y trouve des kits à sushis et des ramens-minute, mais plus la pâte de curry dont j'avais envie. Et il n'est pas loin du rayon "produits étrangers", ce qui donne l'impression, tout à coup, que l'Angleterre est à l'autre bout du monde. D'ailleurs, elle a dû s'éloigner : 4 euros les 3 rouleaux de polos, quand on sait combien ça coûte sur place, on craint le déplacement dans un autre univers… ça fait froid dans le dos. 

Mais ce n'est rien à côté du nouveau rayon discount-pas de marques-pas cher. 
Imaginez (si vous n'avez pas de magasin Auchan à proximité, sinon, allez voir ici.), un rayon annoncé par de grands panneaux orange-vif-moche qui déclarent "Self-Discount", un rayon petit et  nu, garni de cartons ternes et de produits laids, que même chez Lidl ils n'oseraient pas en proposer des comme ça. "Self-Discount",  parce qu'on peut acheter des trucs au poids, genre des bonbons pour les mômes, comme s'ils allaient  avoir envie de bonbons au kilo sans marque… Self-discount, je suppose, parce que tu fais des économies tout seul, comme un grand, tu te prend en charge, en quelque sorte. Allez voir le blabla sur le site, c'est grandiose : comment  (tenter de) vendre la pauvreté à la sauce narcissisme-développement personnel.

Une hallucination. Un cauchemar. Un truc qui en gros, proclame  « entre ici à tes risques et périls, consommateur désargenté qui s'est fourvoyé dans ce temple de la consommation sans en avoir réellement les moyens. On est vaguement au courant que tu peux trouver moins cher ailleurs, alors bon, on te propose ça, mais franchement, ça nous gave, tu préfères pas aller visiter les autres rayons ? Sous entendu : si tu veux vraiment être un vrai client, pas une sous-merde fauchée. » Self-Discount : soyez au rabais !

Le couloir de la mort du consommateur, me suis-je dit.  
Et inversement. 




lundi 25 octobre 2010

EifelheimEifelheim by Michael Flynn

My rating: 5 of 5 stars


Excellent ouvrage. Suspense plus que bien mené, situation de vraie SF traitée avec érudition sans jamais ennuyer. La croyance du prêtre n'est jamais un obstacle à son intelligence, et on est aussi intéressé par la pensée des hommes du moyen âge que par celle des extra-terrestres. Une confrontation entre paradigmes qui en dit plus long sur la nature de l'intelligence et la condition des êtres vivants dans cet univers que bien des baragouins métaphysiques.
Final éblouissant.



View all my reviews

jeudi 16 septembre 2010

Autointerviouve

— Et alors, mâme Denis, vous les avez comment vos idées ?
— Ben, je sais pas moi, comme tout le monde. Tout à l'heure, je ne sais plus à quoi je réfléchissais, je suis sortie dans le jardin cueillir une feuille de laurier pour mettre dans les lentilles, et j'ai pensé "Des lauriers pour les brutes."
— Des lauriers pour les brutes ?
— Oui.
— Et alors ?
— Et alors rien. C'est très fin 2010, je trouve. C'est peut-être un titre de quelque chose.
— Un titre de quoi ?
— J'en sais rien. Vous voulez savoir comment j'ai mes idées, c'est la réponse : lentement.

dimanche 12 septembre 2010

Le petit supplément de la mère Denis du dimanche et de la Convention n°8 :

Quoi ? Ça fait déjà deux semaines que je fus à Grenoble me replier dans le milieu des identitaires de la SF dure, pure et éternellement inoxydable.
(Note : insérer réflexion profonde sur le temps qui passe.)

C'était quand déjà la dernière ? Deux mille quelque chose à Tilf ?
Et la première ? Pouf pouf, la première, c'était Leeds en 1985. Je me suis retrouvée assise par terre avec John Brunner mangeant un sandwich  assis sur un sofa et j'ai prêté mon stylo à Norman Spinrad. J'ai fait un article dans A&A, le premier. Je savais depuis un bon moment qu'il y avait des fanzines en France (j'avais lu Univers, Futurs, quelques Fiction…) mais j'avais pas les sous pour m'abonner, mais aux vacances de Noël, ma copine Nathalie Mège et moi avions eu la bonne idée d'entrer dans la librairie de Francis Valéry. 
Tout cela ne pouvait qu'aboutir à condamner la SF française à une pitoyable existence faite de repli, de nombrilisme et d'insuccès commercial persistant… 

Y'avait pas internet à l'époque. Si si, je vous jure. Et trois chaînes.  Coluche  Desproges et Thierry le Luron étaient encore vivants. L'URSS existait encore.  Un Mac II coutait plusieurs milliers de francs. Quand je suis rentrée, Canal Plus était lancée et tout le monde parlait d'un certain Petit Grégory et de la montée de Le Pen, dont les journaux anglais n'avaient strictement rien dit. 

En gros, pour qui s'intéressait à la SF, voulait en écrire et n'avait pas la moindre connaissance d'un quelconque "milieu littéraire" et qui, de surcroit, avait lu moultes biographies d'auteurs racontant comment ils avaient fait leurs débuts, prendre part à des activités faniques semblait une bonne chose à faire. 
 
  En 1985, de mémoire, Univers (la revue) était encore annuelle (jamais pu y publier un texte, ksss), Fiction fictionnait plus ou moins mais existait, le Fleuve était la seule collection à publier régulièrement des auteurs français qui pouvaient toujours rêver de Pocket, de Présence du Futur et d'Ailleurs et Demain…  Notons que seul Ailleurs et Demain était en grand format.

La fantasy ??? Laissez-moi rire. Ah, André-François Ruaud et Patrick Marcel et sans doute d'autres que je ne connaissais pas en parlaient mais de toute façon les bouquins n'étaient pas traduis. C'était le Seigneur des Anneaux ou rien, j'exagère à peine. 

L'Atalante, Mnémos, Bragelonne, le Diable, Orbit, Folio SF,  Pocket, Mango, Wizz, La Volte, Les Moutons,  etc, les myriades de petits éditeurs,et les festivals grands et petits à la pelle — tout ça était à quinze ans dans le futur. Quinze ans, c'est long.

 …………………………………………………………………………………

On avait pas encore inventé ce terme ramolli et fourre-tout d' «Imaginaire». 
Les littératures de l'Imagitruc, non mais je vous jure. Parce qu'il n'y a pas d'Imaginaire dans la littérature dite blanche, peut-être ? Conceptuellement, l'Imagimachin n'a pas beaucoup plus de sens que le "réalisme". 
Ce qui a du sens, par contre, c'est la sociologie de l'édition : les auteurs et les genres dont on parle sous cette étiquette molle sont  globalement publiés par des éditeurs populaires ou assimilés, et ne sont pas considérées par les Galligrasseuil  et la "critique" qui va avec comme faisant partie de la tradition et du sérail. 

Différent réseaux, différents circuits, différents publics, etc.

Si vous êtes dans la marge et le flou des genres et si vous êtes Volodine, vous pouvez commencer chez PdF et  migrer chez Minuit avant d'avoir acquis une coquille d'identité trop ossifiée et faire le respectable. Aucun problème. C'était il y a vingt ans. Aujourd'hui ? Je n'en sais rien. Les places sont chères.

Alors, démerdez-vous, racontez-vous les histoires que voulez (ou pas) sur l'évolution de votre carrière et écrivez ce que vous avez à écrire  de la façon que vous voulez, mais par pitié cessez de me fatiguer avec cette grande flaque de mollassonnerie pour feignants du bulbe : pour qu'il y ait des "marges" et du "transgenre",  pour que ça yoyote et que ça fusionne et que ça littératurise, il faut qu'il y ait des milieux et des genres. Du solide. Du par rapport à quoi on se définit. On se pose. On existe. Rien de plus. On a jamais fait un biotope avec une seule espèce, et pour autant que je sache, appeler un chat felis silvestris catus n'a jamais fait de mal à un chien.
(Note : ne pas s'énerver inutilement sur la notion ramollie d'Imagitrucmuche, le terme est passé dans le domaine public, pire, dans la presse et le net,  la mollitude a triomphé, le combat est perdu d'avance… Ah bon ? Tant pis.)
 …………………………………………………………………………………

Des personnes présentes aux conventions du "milieu" des années quatre-vint jusqu'au milieu des années quatre-vingt dix, certains sont devenus des auteurs confirmés, ou occasionnels, certains publient ou ne publient pas, ici ou ailleurs, des critiques, des articles ou autres, certains sont partis et sont revenus, certains ont monté des festivals, des sites, des revues, certains ont cessé de lire de la SF, et assimilés, ont trouvé des jobs, des femmes, des maris, des compagnons, pondu des enfants,  ont attrapé des maladies qui ont eu leur peau, connu des bonheurs et des malheurs…
Enfin bon, vous avez compris.
Certains sont des amis de trente ans et se reconnaîtront…

…………………………………………………………………………………

Avant, nous avions testé la panne d'auto sur l'autoroute en Corrèze.
Déjà, l'autoroute qui  permet de traverser le Massif Central à dos de viaducs et de pont suspendus, c'est de la SF. La vraie Corrèze, braves gens, c'est de la petite montagne à vaches et à champignons qui vous donne mal au cœur à cause des virages, mais bon…
Nous devions nous arrêter à Clermont, ce fut Égletons, à vingt-cinq kilomètres d'Ussel, où j'ai vécu entre 1972 et 1981. Nostalgie incompréhensible, sinon par quelque mécanisme qui nous pousse à réinterpréter sans cesse notre propre histoire — on ne peut que revenir  sur les souvenirs les mieux ancrés. Je n'aimais pas la Corrèze quand j'y habitais. Je pense avec nostalgie à ses paysages : à chaque fois que j'ai l'occasion de revoir la région, je comprends pourquoi je déteste les régions plates, pourquoi les arbres, les vrais, ceux qu'on est obligés de regarder en renversant la tête en arrière me manquent tout le temps, sans que j'en sois consciente.
(Note : insérer réflexion profonde sur la nostalgie qui, depuis Proust, est synonyme de littérature. Et inversement. )

…………………………………………………………………………………

Bon, ce qui m'agace le plus, de nos jours, c'est cette manie du pseudo. 
Déjà que je n'identifie les gens  que si j'ai parlé avec eux (et encore…) , si en plus il faut que je retienne deux ou trois noms par personne comment je m'en sors ?
Don Lorenjy, donc, c'est Laurent Gidon. Pendant le débat sur "Les Mondes d'auteurs", il était vautré sur sa chaise, ses grandes jambes étalées devant lui. Cool.
Roland Lehoucq n'est pas un vieillard chenu parlant par équations : c'est un type jeune et sympa et qui fait d'excellentes conférences.  
J'ai entendu Bernard Henninger parler de je ne sais quoi qu'il disait sur Actu SF mais je ne sais pas sous quel pseudo, me voilà bien avancée. 
Roland et moi avons passé quelques bons moments avec Cécile Duquenne, une autrice Voy'El, et Corinne Guitteaud. La capacité de travail, la détermination et l'indépendance de cette fille m'épatent….  .
Avec Pierre Gévart, j'ai parlé administrations et préfets. 
Avec Markus Leicht (oui, lui, son pseudo, je m'en souviens ! ), nous avons mis au point la réédition de la première nouvelle de moi qu'il a publiée. New and improved !!!
Dominique Martel s'est moqué de ma souplesse pour descendre les escaliers, mais heureusement, l'une des organisatrices d'une future convention (dont le nom m'échappe hélas) m'a donné des conseils pour future vieille à arthrose.
Jérôme Vincent m'a dit qu'il avait vendu plus de livres qu'à Saint-Malo. Ah bon ?  Pourquoi ne suis-je pas surprise…
La bière à la noix était excellente.

…………………………………………………………………………………

L'organisation (merci à Frédéric Fromenty et Gilles Goullet !!!) était excellente, l'endroit bien choisi — bien que les campus où l'on ne peut pas s'orienter parce que les bâtiments, qui se ressemblent tous de toute façon, sont cachés par des arbres, me rendent parano, mais bon, voir entre deux échantillons d'architecture universitaire d'immenses blocs de stratifications géologiques pointer leur  museau géant sur fond d'azur alpestre, c'est carrément le pied. 
Et proposer du café et des viennoiseries aux arrivants du matin, ça c'est une idée ! (Rien de plus horrible que de se réveiller en constatant qu'on ne peut plus déjeuner à l'hôtel et que le premier troquet se trouve à l'autre bout du désert universitaire…)

……………………………………………………………………………………

Ah, oui, dans les conventions, il y a des invités. Andrevon n'est pas venu pour des raisons personnellement personnelles. N'étant pas là le jeudi, nous avons raté  le débat sur "Société de contrôle et libertés" avec Alain Damasio. Avons mangé une fois avec lui, le temps que Roland raconte comment il était à Grenoble à quatorze ans, et je ne l'ai plus revu. 

Bon, j'avoue que les débats me posent problème : je n'ai en général pas l'énergie pour écouter quoi que ce soit en continu. Pareil pour les remises de prix  et la vente aux enchères : je finis toujours par errer lamentablement aux abords de la foule pour échapper aux sonos trop fortes et aux discours  trop longs — c'est lamentable, je sais, mais c'est comme ça. 

Ravie qu'Ugo Bellagamba et Jérôme Noirez aient eu le Rosny. 
(Vraiment pas fan du texte de Léo Henry que tout le monde a porté aux nues : faire partie d'un réseau mouvant de gens entretenant (ou pas) diverses relations à teneur plus ou moins artistique et alcoolisée, je veux bien, envisager des "cités d'artistes" choisis selon de nébuleux critères génétiques  (Le potentiel  de création ? késako ? L'art, tu le crées ou tu le crées pas, le reste, c'est de la branlette ! )

……………………………………………………………………………………

Ah, oui, l'autre détail cocasse était que le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélanchon avait son université d'été quelque part dans un des blocs derrière les arbres. Malgré les tentatives de séparer les  espaces et les tables réservés sous les arbres aux deux groupes  par une bande de plastique rayé blanc et rouge genre Les experts du pauvre, les deux  se sont frôlés et les gens se sont même parlés (c'est fou, non ???). Roland a félicité madame Martine Billard, la député verte qui avec les autres mousquetaires, à  tenu tête à la bêtise lors du débat sur Hadopi. On lui a offert l'Appel d'Air.  (Non pas que je pense qu'elle aura le temps de le lire, mais l'idée m'amusait…)
……………………………………………………………………………………

La convention est une démocratie sans territoire qui se reconduit par  scissiparité et autogestion  d'année en année dans une glorieuse transmission de mêmes faniques idiots, inutiles et infiniment jouissifs. 

Prochains arrêts : Esneux (Belgique) ; Orléans

samedi 11 septembre 2010

Date du jour…

Onze septembre, neuvième édition. 
Je n'ai jamais rien dit sur le onze septembre - qu'est-ce que j'y connais en géopolitique du terrorisme à grand spectacle, franchement ? 
L'année scolaire 2001-2002 a été la dernière où j'ai enseigné. Pas un grand souvenir du début de l'année. Je me revois vaguement, sans doute en rentrant du lycée, face au petit jardin de la rue Richard, celui où il y avait un palmier et des framboisiers, regardant la télé. Irréel. Irruption de la catastrophe et de la mise en scène.  Mes parents racontant la réaction des gens à l'hôtel où ils étaient en vacances à ce moment là. Avant après.
Très étonnée de voir, ensuite, combien de gens avaient des choses à dire - surtout ceux qui n'y étaient pas. Tout à fait admirative de voir Roland écrire La saison de la Sorcière si vite après les faits.
Avant après, vraiment ? Non. Putain, non. Refus que ma vision du monde soit dictée par une poignée de fanatiques décervelés. Catastrophe et drame, mais pas frontière entre deux mondes. 
Leur paradigme, pas le mien. Refus d'entrer dans leur monde informé par la peur qu'ils veulent inspirer.




Pendant ce temps, la guerre du pétrole continue…

mardi 10 août 2010

Le planning des salons et festivals de septembre à décembre 2010 :

Oyez, oyez, bonnes gens, pour le moment, il est prévu que je sois présente aux manifestations suivantes :

La convention à Grenoble : 20 au 29 août 2010.
http://www.facebook.com/pages/Conventions-Francaises-Science-fiction-Fantasy-2010/177773250414

Le salon Miroirs du Futur : 18 et 19 septembre à Civray.
http://miroirs-du-futur.over-blog.com/
http://www.facebook.com/?ref=home#!/profile.php?id=100000519744698&ref=ts

Les Utopiales : 10 au 14 novembre 2010.
http://www.noosfere.com/utopia/2010/

7èmes rencontres de L'imaginaire de Sèvres, 11 décembre 2010.

dimanche 24 janvier 2010

Le petit supplément de la mère Denis du dimanche n °7 :

Je ne sais pas comment vous lisez les blogs de vos auteurs favoris. N'ayant ni méthode ni théorie à appliquer à la question, je lis en général ceux de mes collègues de bureau/ connaissances / relations de travail /vieux potes / nouveaux copains/ de manière erratique et par gros paquets qui me permettent de remonter un peu le temps. 
C'est donc ainsi que je suis tombée sur ce billet du blog de Fabrice Colin. J'en suis restée un peu, comment dire ? Sidérée est un trop grand mot, on va donc dire vaguement incrédule et quelque peu attristée. 
Je ne souhaite pas revenir sur Le Fil qui est à l'origine de la remarque qui clôt le billet. J'en pense, du fil en question, que sa longueur et l'ambiance qui s'y est créée, ont plus à voir avec la nature d'internet et des forums qu'avec l'intelligence, la culture ou même la personnalité des personnes y ayant participé. 
Personnellement, si je n'interviens que très peu sur les forums, c'est que j'estime que quand je le fais, cela occupe trop d'espace mental que je préfère consacrer à autre chose. La nature même du forum —un espace de dialogue public qui en a un, justement, de public — encourage les réactions irréfléchies, la pose, le lâcher de vannes méchantes et les engueulades inutiles. C'est le médium qui induit ça… (ça passera peut-être quand les gens auront vécu avec toute leur vie… ) Et c'était ma seule réflexion de sociologue du dimanche… 

Non, ce qui m'a vraiment étonnée dans le billet en question, c'est qu'il s'achève par ceci : 
« Si on était taquin, et simplificateur, on pourrait dire que certains de ses contempteurs, aussi brillants et/ou calés soient-ils, ne semblent pas réaliser que c'est précisément le style de leur discussion, entre règlement de compte récurrent et agressivité pathologique, qui condamne le genre à une irrémédiable ghettoisation.»
Et là, désolée Fabrice, mais ma mâchoire se décroche et tombe sur mes moonboots en papier alu. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse (même par taquinerie) croire un seul instant que quelques échanges verbaux un peu musclés entre personnes qui se connaissent plus ou moins personnellement depuis plus de dix ans — aient la moindre influence sur Les Pouvoirs en Place qui font que la SF, la fantasy, les littératures transbizarroïdes et autres fictions plus ou moins classifiables aient la position qu'elles ont dans notre beau pays et son paysage éditorial unique. 

 J'ai toujours écrit ce dont j'avais envie, en ayant parfaitement conscience d'écrire parfois de la SF (une bonne moitié de mes nouvelles), du fantastique (une nouvelle), du bizarro-merveilleux (une nouvelle) de la fantasy (un roman). J'ai en chantier ceci : la suite de la Saison des singes, de la vraie SF avec d'authentiques morceaux de vaisseaux spatiaux dedans. La suite de Haute-École (de la fantasy, enfin, ça dépend où…) un roman fantastico-étrange relativement contemporain, une novella de fantastique pur. Des romans de SF jeunesse. Etc. La littérature dite générale ? Je ne sais pas faire. Le polar : j'aimerais, mais je ne sais pas faire non plus. Idem pour le roman historique. 


J'ai toujours fréquenté des gens qui n'ont pas tout à fait, ou pas dans tous les domaines, les mêmes goûts que moi. N'ayant pas le temps de tout lire, je trouve bien pratique que des conversations ou des fanzines ou des blogs signalent tel ou tel bouquin que je n'aurais pas découvert moi-même par manque de temps ou d'envie.  Il m'arrive même de les lire !
Que des engueulades plus ou moins musclées dans des fanzines (je précise pour montrer qu'il y a continuité historique ), sur des sites et des forums aient la moindre influence sur la chaîne du livre, c'est à dire les personnes qui sont les véritables acteurs du champ économique où nous travaillons, je parle des  éditeurs, des directeurs de collections, des distributeurs, des libraires etc, lesquels n'ont pas le temps matériel d'en savoir quoi que ce soit sinon de vagues récits…n'a pas de sens. 
Les Grands Médias ? Mais qu'est-ce que les grands médias en ont à battre de savoir si c'est Maurice Renard ou Hugo Gernsback qui a inventé la SF ? Ou plutôt, s'ils étaient au courant, qu'en auraient-ils à battre de savoir que douze péquins s'écharpent sans la moindre retenue pour déterminer le Plus Petit Commun Dénominateur à tous les textes susceptibles d'être étiquettés SF ?
Les vibrations délétères de ce type de querelle seraient capables d'influencer nos habiles cerveaux du Monde des Livres, de l'Express, du Point, d'Elle, de Lire ou du Magazine Littéraire ? Leur style mal dégrossi (qu'ils ne connaissent pas ! ) leur ferait détourner le nez ? Leur passion et leur emportement ne leur conviendrait pas (on se demande pourquoi, pour autant que je me souvienne, les engueulades,  la téloche adore ça ! ) Et leur disparition permettrait, dans un monde rendu meilleur,  de leur en envoyer d'autres, positives, qui les feraient soudain revenir sur cinquante ans d'indifférence caractérisée? 
Ben voyons. Ce serait tellement simple. Pourquoi n'y ont-ils pas pensé plus tôt ! Passer à côté de la Reconnaissance Littéraire et Médiatique pour trois cigares fumés le lundi et cent litres de bière bus année après année dans de ridicules réunions de geeks microcéphales, faut-il être sots ! 
Ah, si j'aurais su, j'aurais pas gâché ma jeunesse ! J'aurais pas fréquenté tous ces dévoreurs de livres, tous ces gens cultivés, intelligents, dotés du sens de l'humour et de la déconne et capables de produire des fanzines et des revues en dépit d'une insolvabilité économique chronique avec qui, étonnamment, je pouvais discuter des auteurs que j'aimais et de bien d'autres choses encore comme toute personne normalement constituée le fait avec ses amis, collègues et relations, avec ou sans internet. 

Bref, c'est tellement sot que je n'arrive pas à croire que Fabrice, qui connaît aussi bien que moi le paysage éditorial et la chaîne du livre en France, croit un seul instant à une telle affirmation. 


Elle ne peut donc avoir qu'un sens : dire à un certain nombre de gens que si la SF est là où elle en est, c'est de leur faute. Le ghetto, c'est eux et c'est le mal.
Sauf que…


Le ghetto, c'est dans la tête. 

Je n'ai pas, je n'ai jamais eu, l'impression de vivre  ou d'écrire dans un « ghetto ». 
De partager avec un certain nombre de gens un intérêt et un goût démesuré pour un certain genre littéraire, oui. D'avoir avec certains, à certains moments, des conversations de spécialistes qui n'intéressent que nous ? Y'a intérêt, on est pas là pour s'ennuyer, que je sache. Le  genre littéraire en question est méconnu, ignoré et parfois méprisé ? Et alors ? C'est dommage, mais c'est pas mon problème.  Ou plutôt, quand je considère que ça l'est, je fais ce que je peux : j'écris des bouquins pour les mômes. 
Et puis ça fait un moment que je suis une grande fille, le soit-disant ghetto, je peux vivre avec. 
Oh, merde, en fait, ça fait trente ans que je vis avec. Et sur les trente ans, à part une petite période de la deuxième moitié des années soixante dix, on ne peut pas dire que le succès économique et la gloire médiatique (pour le genre) aient été au rendez-vous. Zut alors. 
Et vous savez quoi ? Je pense que je vais continuer à vivre avec, bon an mal an, avec ou sans pognon, pour les trente ans qui viennent. 
Et quelque chose me dit que je serai en bonne compagnie, et, surtout, surtout, que je ne m'ennuierai pas.

lundi 4 janvier 2010

Pissed off…

http://www.sfsignal.com/archives/2009/06/review-house-of-suns-by-alastair-reynolds/

"The main characters in House of Suns are Campion and Purslane, a male/female pair of clones derived from the same person: Abigail Gentian. Campion and Purslane are just two of the one thousand clones ("shatterlings") in the Gentian Line, a long-lived "family" that traipses around the galaxy in two hundred thousand year-long cycles and then regroups to compare notes on the various civilizations they have seen come and go like "waves on the shore"."

And so this is the beginning of 2010 and I'm already pissed off.
I've just read this review of Alastair Reynold's book and I can't help thinking, what the f*** ?

He does immortal clones across the galaxy and gets rave reviews (not forgetting more money than I'll ever get even if if I were to live several lifetimes and earn a decent living) I do memo-clones civilisations and what do I get ?
Shitty reviews from brainless idiots who don't even know what science-fiction is, and not even sure the second part will ever be published and you can't even say what you're thinking/feeling because people will of course say you're jealous and if you were that good wouldn't the real world have noticed already and made you a millionnaire too ? Just shut up and go back to translating The Real Authors (no offence meant, people, I love you all, this is called a rant isn't it ? )

And why are you writing this in English ?
Want to show off or what ?
No, not really, just switched off to English when I read the review, that's all. Plus what's more stupid than to write  science-fiction in French in a English-speaking harrypotterised world ? Well I'm  a woman, too, how do you like that ?
And I'm not complaining ! If I were complaining I'd go back to be a teacher which is something I'll never do, even if we couldn't pay the rent and bills and cat food. I'm going back to work and I think about african peasants who can't earn a living because they grow food for western countries…

Rechercher dans ce blog