mardi 11 mars 2014

True Detective, le petit supplément avant la fin, n°14.




I'd consider myself a realist, alright? But in philosophical terms I'm what's called a pessimist... I think human consciousness is a tragic misstep in evolution. We became too self-aware. Nature created an aspect of nature separate from itself - we are creatures that should not exist by natural law... We are things that labor under the illusion of having a self, that accretion of sensory experience and feelings, programmed with total assurance that we are each somebody, when in fact everbody's nobody... I think the honorable thing for our species to do is to deny our programming. Stop reproducing, walk hand in hand into extinction - one last midnight, brothers and sisters opting out of a raw deal." Rust Cohle.

"I get a bad taste in my mouth out here... aluminum... ash... like you can smell a psychosphere. Rust Cohle. "

True Detective et Hannibal, ou comment, pour la nième fois, j'ai remis le nez dans une histoire de sérial killer alors que j'avais juré de ne plus me faire avoir. La dernière étant Dexter, où je me suis arrêtée à la cinquième saison. Mais j'en parlerai quand je parlerai d'Hannibal, ce soir, c'est True Detective time. 

J'ai adoré les premiers épisodes, la construction en flash-back, avec la discussion entre les flics d'aujourd'hui et les anciens, les flash-backs joués par les mêmes acteurs, absolument excellents. Et des dialogues brillants entre le flic intello-pessimiste et le flic-beauf-normal.
C'était plus intéressant de savoir comment le Rust bien propre était devenu cette espèce de semi-épave désabusée — bon, il l'était déjà avant, voir la citation ci-dessus — et néanmoins dix fois plus malin qu'un flic devrait l'être, et pourquoi et comment lui et son collègue n'étaient plus amis et plus dans la police. On finit par y arriver, en passant par une fausse piste de serial killer et les ravages du temps sur le couple et le retour à l'obsession d'une affaire non résolue, et au moment où j'écris ceci, en n'ayant pas vu le 8ème et dernier épisode, il semble assez clair que le sérial killer est quelqu'un de haut placé dans la classe dirigeante de la Louisiane. 
La question n'est donc pas de savoir s'ils vont trouver le coupable : ils vont le trouver parce que Rust est assez malin pour —, mais ce qu'ils vont faire de leur découverte : le choper et ramasser les lauriers, ce serait trop simple et trop happy end. Faire justice eux-même est une possibilité mais ce n'est pas ce qu'on fait dans les séries — ou alors, ils le tuent par accident, ou dans la confusion d'un beau final d'action. Ils peuvent aussi ne pas le choper et disparaître dans les marais de Louisiane, quelque part dans la brume électrique, ça le ferait tout à fait — disons qu'une fin sans justice serait en accord avec la vision de Rust. (Oui, l'une des raisons pour lesquelles j'ai aimé est que j'ai lu Dans la brume électrique avec les morts confédérés, de James Lee Burke cet été, en accompagnement de la traduction du bouquin de Norman Spinrad, Police State, à paraître chez Fayard, et que c'est pile-poil la même ambiance. Le désespoir du bayou, le marécage de la glauquerie humaine. Le bouquin de Norman en étant l'envers satirique et politique et dionysiaque…).

Enfin bref, je suis assez fière d'avoir réussi à jouer des globes oculaires sur les statuts Facebook commentant la fin et de pouvoir la regarder pour ainsi dire sans interférence. 
N'empêche qu'avec Hannibal ça fait deux séries eganniennes en ce moment. Pour la peine, je traduis la citation d'en haut : 

Je me considérerais plutôt comme un réaliste, ok ? Mais en termes philosophiques, je suis ce qu'on appelle un pessimiste… Je crois que la conscience est une erreur tragique de l'évolution. Nous sommes devenus trop conscients. La nature a créé un aspect de la nature séparé d'elle-même - nous sommes des créatures qui ne devraient pas exister selon les lois de la nature. Nous sommes des choses qui souffrent de l'illusion de posséder un soi, cette accrétion d'expériences sensorielles et d'émotions programmés avec la certitude absolue d'être chacun des individus, alors qu'en fait, personne n'est qui que ce soit… Je crois que la chose honorable que notre espèce devrait faire serait de nier notre programmation. D'arrêter de se reproduire et de marcher main dans la main vers l'extinction — un dernier coup de minuit, frères et sœurs se sortant d'une situation injuste. 

1 commentaire:

  1. C'est vrai que c'est excellent (et côté "image", j'ai trouvé que le premier épisode est un bijou tellement les plans sont beaux).

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