dimanche 18 octobre 2009

Le petit supplément de la mère Denis du dimanche (n°5) :

Parmi les inconvénients (pas si nombreux, et que je préfère à ceux de bosser dehors) du travail à la maison, il y a les coups de téléphone des gens qui veulent vous vendre du vin, des fenêtres, des bagnoles, des abonnements divers et variés et les coups de sonnette des vendeurs de pommes et de patates, des vendeurs de fenêtres, des agences immobilières et des crétins de mômes qui rentrent de l'école. Les seuls pour qui j'invente des systèmes très élaborés de seaux d'eau glacée se déversant sur leur tête ébahie au coup de sonnette sont d'ailleurs les gamins. Qu'on se rassure, j'ai la vengeance vélléitaire et je ne sais absolument pas bricoler…

Lundi, ou mardi, je ne sais plus, j'ai testé la nana qui essaie délibérément de vous arnaquer.

C'était après le repas. Donc, pas l'heure à laquelle je suis au sommet de mes capacités intellectuelles. Disons que si je n'ai pas décidé de faire la sieste ou le ménage c'est que je suis en train de jouer à des trucs idiots sur le net.
Et donc, ça sonne,  je vais répondre et une dame blonde genre secrétaire/mère de famille propre sur elle me dit qu'elle est là pour "valider la baisse de ma facture d'électricité".
Ngh ?
Je ne sais plus ce que je lui dis, mais je la fait entrer. Ce que, en principe, je ne fais jamais sans savoir exactement de quoi il retourne, mais c'était vraiment un jour où je n'étais pas réveillée, et puis EDF envoie parfois des courriers pour avertir de leur visite, courriers que je pose sur la bibliothèque dans l'entrée et que j'oublie jusqu'à ce qu'on sonne…

La dame, étant entrée et ayant vu le couloir et les bibliothèques croulant sous les piles de Bragelonne envoyés pour le prix Julia Verlanger, fait preuve d'une rare perspicacité en remarquant que j'ai l'air d'aimer la lecture (c'est mon boulot, lui réponds-je) et est-ce qu'on peut disposer d'un coin de table ? On dispose d'un coin de mon bureau, et elle se met à m'expliquer des trucs au sujet de l'électricité, d'EDF et de Powéo. Je comprends essentiellement que je n'y comprends rien et que le mot "état" revient assez souvent pour créer une sorte d'aura destinée à séduire l'abonné séculaire au vieux machin fournisseur de courant.
Il y a comme un trou, je ne sais plus comment on passe de l'un à l'autre, mais elle sort un livret format A4 bien épais dont elle replie bien soigneusement la page de garde, mais pas avant que j'ai vu le logo de Powéo.
Et là, me réveillant enfin, je lui dis que je ne sais pas qui elle est ni pour qui elle travaille (détail qu'elle a omis de préciser ), que je n'ai rien demandé et que ne signe pas quelque chose qui ressemble à un contrat sans l'avoir lu, mais qu'elle peut me le laisser, merci.
Et c'est là que ça bascule et qu'elle me dit, passant du ton de la dame gentille qui explique à celui de la dame qui sait et  qui ne comprends pas que vous soyez conne au point de ne pas signer le merveilleux bidule à économiser des sous qu'elle a la bonté de vous proproser.
Mais je suis là pour valider votre facture d'électricité à la baisse,  vous ne voulez pas faire des économies?
Bien sûr que si, laissez moi votre brochure.
Mais puisque je vous dis que je suis là pour valider votre facture d'électricité à la baisse.
En fait, elle a compris que je ne vais pas signer son contrat Powéo et elle est furieuse, mais je n'arrive pas à déterminer si c'est parce qu'elle croyait avoir réussi son coup ou si c'est parce qu'elle pense vraiment qu'elle est là pour me rendre un immense service. Les deux, en fait. Y'a pas la moindre trace de recul ou de second degré dans son regard, elle fait ça pour nourrir sa petite famille et j'ai l'impression qu'elle y croit, ou si elle n'y croit pas, à ses boniment, ça n'a aucune importance : elle a raison et le reste du monde a tort.  Et elle continue à raconter des trucs sur ma facture tout en serrant son contrat que manifestement elle ne veut pas que je lise et que je garde contre sa poitrine jusqu'à ce que, dans le couloir, je lui dise que la porte est là, et qu'elle sorte.
Je vais raconter le truc à Roland, qui était dans son bureau  (elle était tellement sûre d'elle que je n'ai pas  eu le temps de recourir à l'argument imparable du conjoint que l'on doit consulter).

J'ai entendu la porte se fermer, me dit-il. Elle a sonné chez les voisins tout de suite après.

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