samedi 23 février 2019

Et donc, les porte-mine en plastique. 
Ou pas. 
Parce que maintenant que j'ai fait la photo avec les zoulies couleurs de bonbons et les lignes horizontales noires, est-il vraiment important que je disserte sur des stylos ? Hein ? Sérieusement ? 
Oui mais tu as dis que tu bloguerais tous les jours donc bloguer il faut, et comme tu n'as ni l'idée, ni la doc pour faire sérieux et étoffé, ben il va falloir faire futile et impressionniste, et surtout pas trop long. 

Tout à l'heure, je suis allée faire quelques courses, et j'ai eu droit à une série de ces petits non événements bizarres que l'on devrait pouvoir transformer en anecdotes de l'air du temps, lorsqu'on est un Auteur Véritable. De la littérature générale, quoi. 

Je vais flâner au magasin de vêtements en face du supermarché, pour rien, vu que c'est le genre qui n'a pas ma taille, et je tombe sur ce panonceau.
Et là, en dehors du fait que ce type de jean incarne la mochitude absolue, je m'interroge : depuis quand évoque-t-il les années 90 et pas les années 80 ? Et en termes de temps, pour une gamine de mettons 15 ans, ça correspond à quoi, dans mon référent, les années 90. J'avais 15 ans en 78, donc, à la louche, les années 90 c'est il y a vingt ans, donc pour la gamine, c'est comme 1943 pour moi. Ouille. 

Me dirigeant vers le fond du magasin, je vois arriver un de ces bolides braillants comme on en croise souvent quand on fait ses courses. Brun et souriant. Bon, il devait avoir quatre ou cinq ans, avait un père qui parlait une langue que je n'ai pas réussi à identifier (pays de l'Est ?), et une fois disparu dans la direction opposée, je ne l'ai plus entendu. 

Sauvée. 

Quelques minutes plus tard, entre le rayon des légumes et celui des jus de fruits, le papa du bolide a montré une petite bouteille d'eau au vendeur qui remplissait un rayon, qui lui a donné le prix de la bouteille. 30 centimes. 

Pas longtemps après, je passe à la caisse, le monsieur grand long et mince tend la bouteille à la caissière, qui la fait lire par le lecteur : 30 centimes. Mais le type ne l'a pas prise, il est ressorti sans avoir rien acheté avec son gamin et je suis restée là à mettre mes bananes et mon lait dans mon sac, et à me dire "mais tu pouvais pas penser à les lui donner, les trente centimes !!!!". 

Quelques minutes encore plus tard, à la pharmacie, où il est impossible (dieu sait pourquoi) d'avoir des boîtes de 28 comprimés d'oméprazole, devant moi, une dame accompagnée d'un très joli lévrier, poil court et brun doré, haut sur pattes, un long museau fin et promeneur, avec un collier en cuir assez large pour un fort beau motif, quelque chose qui me rappelle William Morris. 

Et pour finir, quelques dizaines de mètres plus loin,  je regarde la vitrine du magasin de déco, un type arrive en sens inverse et me dit "entrez madame, j'arrive tout de suite, je vais faire une sieste". Et il me tapote l'épaule, légèrement, et continue, et répète la même chose à la dame âgée à côté de moi, avec qui j'échange un regard du style "il n'est pas très bien, le monsieur".

Et les stylos ? Euh, comment dire, je viens de passer à peu près trois quart d'heures à transférer une malheureuse photo de mon portable naze à mon ordi, je suis désolée, lecteur que j'aime, mais il est tard, j'ai préparé un dessert pour mon stage de théâtre demain, et je n'ai pas mangé. 


vendredi 22 février 2019

Ce qui doit être nommé.

Je ne sais pas comment procèdent mes confrères pour inventer les (nombreux) néologismes que l'on rencontre dans tout ouvrage de science-fiction qui se respecte, mais je sais que je peux écrire 100 000 signes de texte alors qu'il me manque des noms de personnages, d'objets, de vaisseaux spatiaux et autres.
Bon, en général des personnages secondaires, les personnages principaux ayant la bonté de se présenter à moi pourvus d'un patronyme, ce qui m'arrange tout de même bien. Sinon, hé bien, je fais ça "à l'oreille", en tentant de donner des consonnances semblables aux noms d'extraterrestres de la même planète (oui, c'est pas réaliste, mais ça facilite la lecture, et ça donne une ambiance, un ton.) Quand j'ai deux ou trois mots, je dérive de nouveaux mots à partir de ceux-là. Quand je suis vraiment coincée, je fouine le net ou je tape des mots existants sur un clavier querty, ou, dernier truc en date, en décalant mes mains sur mon clavier azerty, ça donne des résultats assez amusants.
Un jour, une lectrice m'a fait très plaisir en me disant qu'elle avait adoré les noms dans Haute-École parce qu'ils ne ressemblaient pas à ceux des livres traduits de l'anglais.
Je ne me suis jamais lancée dans la création d'un vocabulaire ou d'une grammaire complète, ça ne m'attire pas spécialement, je soupçonne que ça me prendrait un temps fou que j'ai à peine pour écrire l'histoire, donc peut-être un jour, dans une autre vie. Bref, ces deux derniers jours, j'ai nommé des vaisseaux, deux alphabets, un moyen de communication que l'on aurait pu aisément confondre avec un smartphone (quelle horreur) mais dont des personnages ont besoin, un alcool fort et des extraterrestres qui pour le moment ne font que de la figuration, en attendant mieux.  
Et je me rends compte que je voulais parler de ces stylos, mais que je n'aurai pas le temps, car j'ai du poulet, du lait de coco et de l'ananas à transformer en dîner. 

jeudi 21 février 2019

Les ailes du désir

Donc, j'ai un creux de trad, un mois sans rien et des corrections qui m'arriveront mi-mars, parce qu'un éditeur a repoussé celle qui était prévue et parce que j'aurais dû me secouer un peu plus pour en trouver une autre mais, devinez quoi, je préfère écrire, même si je déteste profondément ne pas savoir où je vais question finances. Il faut croire qu'une partie non négligeable de mon subconscient a décidé qu'il s'en foutait, le crétin. 

Je vais donc tenter quelque chose que je n'ai jamais fait parce que je n'y arrive pas quand je traduis. J'aime traduire, ne nous méprenons pas, mais il faut bien dire une chose : ça me bouffe une énergie de dingue. Donc, je vais tenter d'écrire un billet par jour jusqu'à ce que je reçoive mes corrections. Attache ta ceinture, lecteur, nous commençons très haut dans le ciel. 

Hier soir, j'ai revu Les Ailes du Désir pour la première fois depuis la sortie. Impossible de me rappeler où je l'ai vu, ni avec qui (ça ne veut rien dire, ça fait très longtemps que je vais au ciné seule, j'aime parler des films que je vois mais pas tout de suite après.) Tout ce dont je me rappelle, c'est qu'à l'époque, Roland et Cathy, sa compagne de l'époque n'arrêtaient pas d'en parler, le film était hyper important pour eux. Il me semble que Roland l'avait aimé, mais ça fait 30 ans et mes souvenirs sont bien flous sur certains points.  

Je m'étais ennuyée comme un rat mort, moi. 

Une des premières nouvelles que j'ai écrites contenait un personnage ailé. Ce que j'écris en ce moment en contiendra aussi.

Je déteste le cirque,  surtout les petits cirques minables et pathétiques comme celui du film. 

J'avais adoré Peter Falk.

Il fallait donc que je sache si mon moi de 1987 avait tort ou si mon moi de maintenant pouvait lui accorder que c'était un classique contemporain qui n'était pas pour lui (nous ? moi ?).
Je l'ai donc regardé en entier mais j'ai eu du mal. C'est long, merde, et il ne se passe rien. Mais c'est beau. Le noir et blanc, que j'en suis venue à trouver reposant dans notre époque de couleur souvent utilisée n'importe comment, est  devenu, avec la lenteur, la marque du film d'auteur avec un grand A — c'est pénible et c'est dommage. Donc, Berlin en noir et blanc, présent et passé, par les yeux de deux anges qui sont là on ne sait ni pourquoi ni comment — l'auteur de sf trouve ça facile, cette façon qu'ont les non-auteurs de sf de poser des situations arbitraires sans les justifier par un univers — des anges, donc, détachés de tout y compris de tout contexte religieux, qui observent les humains, entendent leur pensées, notent des bribes de beauté passagère. Ils ont des noms mais on ne les connaît qu'à la fin. Le monologue intérieur de celui joué par Bruno Gantz est magnifique, un beau texte, qui doit être de Peter Handke, le co-scénariste. On entend le rythme même lorsqu'on ne repère que trois mots d'allemand. En réalité, tout le "texte", le monologue intérieur de notre ange-point-de-vue et les pensées des humains est superbe de poésie quotidienne et surréaliste, l'art de l'énumération bien pensée, juxtaposition de hasards qui n'en sont pas, poésie, donc — et comme j'ai mauvais esprit, je me suis dit qu'ils avaient de la chance, ces anges, de ne tomber sur aucun humain dont les pensées soient grotesques ou répugnantes. 
On ne peut s'empêcher de songer à L'oreille interne, ou à l'Homme dans le Labyrinthe - j'y pense à présent, je n'y ai pas pensé en regardant le film. Il y aurait beaucoup à dire sur les longues promenades de la caméra au dessus et dans Berlin, mais cela a dû être fait mille fois par d'autres plus qualifiés que moi. Je retiendrais la bibliothèque, cette merveille d'architecture années 70, les anges qui se penchent sur les visiteurs qui lisent, travaillent, réfléchissent. Le personnage du "conteur" qui se perd et va s'endormir dans un fauteuil dans un terrain vague (note aux scénaristes : il faut arrêter avec le terrain vague noir et blanc et poétique, hein, ça va finir par se voir). 

Bref. Je m'étais dit, je vais faire trois cent cinquante mots et hop, et bien non, pas hop, j'en suis déjà à 760, 761, 762… 

Les Ailes du désir, c'est donc un ange narrateur, détaché du monde, observateur comme bien des écrivains, qui veut tomber dans le réel et y parvient, et qui a en quelque sorte de la chance. On devrait être bien plus heureux pour lui à la fin. 

(… tout le monde cherche la Potsdamer Plaz, semble-t-il)

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