Noël approche, ami lecteur, même si tant que que je peux sortir de chez moi sans écharpe, bonnet et surtout gants, j'ai du mal à y croire. Heureusement, la presse écrite se charge de tout : découverte ce lundi en allant me faire faire une prise de sang, cette pub délicieuse pour des shampoings. Mieux que toutes les odeurs de vrai sapin, de guirlandes électriques et de chocolat : le shampoing au parfum d'enfance et de "bonheurs partagés en famille", dont font partie, vous noterez bien, la guimauve, le pain d'épice et le cola. Enfoncé notre bon Marcel et sa madeleine. Nous vivons en des temps modernes et la chimie est au service de vos neurones. Besoin de retrouver vos souvenirs enfuis ? Pas de panique, allez donc faire vos courses et achetez une bouteille du temps jadis. Moi qui pensait qu'on avait atteint le summum de la synthèse avec le chocolat goût crème brulée, la crème au spéculoos et (pas encore inventé, mais ça ne saurait tarder), le spéculoos saveur caramel salé. Et ben non. On a mieux : la douche aux effluves du passé, le bain d'enfance pour le prix d'une bouteille de mousse. Dans cinquante ans ils vendront des bonbons parfum bains de votre enfance et Proust pourra se retourner dans sa tombe. Ou pas.
samedi 12 décembre 2015
dimanche 22 novembre 2015
Vous êtes 36 !
… à avoir téléchargé le texte que j'ai mis en ligne sur Smashwords pour mon anniversaire — merci !
Pour les retardataires, je viens de rajouter un joli petit widget, oui, là, en haut à droite. Normalement, on clique et ça marche.
Sinon, il y a 42, une antho dirigée par Jeanne-A Debats, où je suis en compagnie plus que bonne, avec une préface de Gérard Klein et une autre de Xavier Mauméjean, et des textes de Nicolas Barret, Bertrand Bonnet, Anthony Boulanger, Simon Bréan, Sylvain Chambon, Olivier Cotte, Magali Couzigou, Michel Féret, Olivier Gechter, Nathael Hansen, Sylvie Lainé, Anne Larue, Timothée Rey, Matthieu Walraet.
Une partie d'entre nous étions aux Utopiales à Nantes, vous pouvez écouter ou podcaster la table ronde enregistrée par les bons soins d'Actu SF ici.
samedi 19 septembre 2015
L'interview du cerveau, en exclusivité mondiale.
She asked for my love and I gave her a dangerous mind.
David Bowie, Scary Monsters, 1980.
When I'm just in my own mind, it's a dangerous neighborhood.
David Bowie, interview, 1997.
Moi : Bon, cerveau, cette fois-ci, ça ne rigole plus, l'idée te (nous) trotte dans la tête depuis deux mois, on va se la faire, cette interview.
Cerveau : Ben c'est comme tu veux, c'est vrai que ça fait un moment que tu y penses, depuis que quelqu'un s'était fait un trip semblable sur facebook cet été. Tu t'es dit : ah, je suis pas la seule à parler avec mon cerveau, cool !
Moi : Oui, mais comme d'habitude, je réfléchis des plombes avant de faire quelque chose, même un billet de blog pour blaguer, c'est pénible, cerveau, tu es pénible, en fait.
Cerveau : Je fais ce que je peux.
Moi : Tu rigoles, j'espère ? Tu es le tas de neurones le moins fiable de la galaxie. Cet été, il faisait chaud, tu ramais, t'avais des excuses, mais là, en septembre, c'est quoi ton explication ? Parce qu'entre le mal de crâne et le fonctionnement aléatoire, on peut pas dire que je sois satisfaite de toi.
Cerveau : Alors le mal de crâne, si la médecine déclare forfait, c'est pas moi qui vais faire mieux. Je suis un cerveau normal de femme adulte ayant dépassé la cinquantaine en relativement bon état mais pas flambant neuf non plus. En plus, j'ai pris un coup sur la calebasse il y a trois ans et depuis…
Moi : Oui, bon, ça va, je suis au courant. C'est pour ça que je me dis qu'une petite interview ça peut peut-être aider. Genre mini-thérapie, mettre les choses à plat, voir où on en est.
Cerveau : Et donc, en fait, c'est quoi le problème ?
Moi : (soupir). Le problème, mec, c'est que t'es en boucle sur Bowie depuis que j'ai vue l'expo en mai, et que je fatigue. Je savais que je courais un risque de te remettre dans ce genre d'état mais je pensais pas que ça serait aussi grave.
Cerveau : Ben pourtant, tu sais bien que c'est pour ça que tu as été super prudente pendant des années : pas de surf de Star Wars ni de Bowie, jamais jamais jamais, parce que c'est des puits sans fond et que tu (enfin, je) plonge dans des spirales de recherche de la moindre connerie insignifiante…
Moi : Ce qui me donne l'impression d'être un rat dans une expérience sur la cocaïne. Tu sais, celles où la bestiole n'arrête pas de s'injecter du produit au lieu de bouffer et de faire des trucs normaux de bestiole et en crève. C'est fatiguant. D'autant plus que vois-tu, cerveau, j'ai d'autres choses à faire, comme des bouquins à traduire (pour manger) et un roman à écrire (parce que c'est comme ça), et ça serait pratique si tu voulais bien me dégager de l'espace pour effectuer des tâches importantes au lieu de me fourrer dans un état de mélancolie ridicule parce que je ne suis pas née à temps (et pas au bon endroit) pour voir Ziggy en concert.
Cerveau : Ben, j'essaie. Là, par exemple, tu es en train d'écrire un billet de blog sur le bazar invraisemblable qui règne dans tes intérieurs pensants en espérant que ça va les mettre dans l'ordre et (allez savoir) éclairer tes contemporains par-dessus le marché.
Moi : Voui. Ça fait juste presque quarante ans que je fais ça, écrire des trucs, et j'ai pas l'impression que ça ait changé grand-chose. En fait, le premier exemple de mise en boucle dont je me souviens, ça doit être en fin de sixième. Tu te souviens ?
Cerveau : (regarde en l'air et sifflote).
Moi : Les tags du prétérit. Oui, les trucs en did et didn't. Le prof nous a fait ça à la fin de l'année, et le putain de truc m'est resté en tête pendant je ne sais combien de temps. Pendant les grandes vacances ! J'avais des did et des didn't qui se déclenchaient tous seuls et que je n'arrivais pas à arrêter. C'était chiant, cerveau.
Cerveau : Mais bon, tu as fini par les avoir, les tags fous, non?
Moi : C'était y'a longtemps, mon vieux, mais il me semble que oui, je me rappelle que j'ai fini par réussir à t'empêcher de réciter de l'anglais dans ma tête à tout bout de champ. Mais là, le truc, c'est qu'il faudrait que tu arrêtes de me lancer sur le net à la recherche de bouts de 1977 parce que je dois d'abord finir ce bouquin, et après, je pourrais écrire une novella où je collerai toutes ces infos inutiles que je ramasse en traînant sur le net. Parce que le roman, tu vois, il parait qu'il y a des gens qui l'attendent, et ça fait déjà un moment que je suis dessus et j'aimerais juste le finir et passer à autre chose, comme les gens normaux, au lieu de supporter tes caprices de diva.
Cerveau : Eh, c'est pas ma faute à moi si tu fonctionnes par associations et dérives et pas de manière logique et rationnelle. C'est un peu ce qui te permet d'avoir des idées de textes, si tu vois ce que je veux dire.
Moi : Je ne le vois que trop bien, hélas. J'ai tout un tas de bouts de projets que je traîne depuis des années et que je ne finis pas parce que passé l'enthousiasme de la naissance des idée, je m'emmerde et ça va pas plus loin. (Bowie aussi, faudrait faire une compil des interviews où il parle de projets dont on a jamais rien vu, mais bon, au cas où t'aurais pas remarqué, il a pondu un certain nombre d'album, lui.) C'est très chiant. Et je pourrais avoir des idées sans avoir aussi des bouts de chansons de Bowie qui se déclenchent dans ma tête tout le temps, tu vois. Surtout que je chante faux et je ne joue d'aucun instrument. C'est carrément nul.
Cerveau : Oui, bon, ok, on va essayer d'arranger ça. D'un autre côté, si tu arrêtais d'écouter lesdites chansons, ça éviterait de me les remettre en mémoire. Parce que je suis un vieux machin : les vieilles connexions sont les plus solides.
Moi : Ben il semblerait qu'écouter Bowie ait un effet calmant sur le merdier existentiel qui est le tien en ce moment, cerveau. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.
Cerveau : À qui le dis-tu !
Moi : Je vois. Il est peut-être temps que je te lâche, hein ? Je me dis que je te ferais bien une interview comme ça par mois, ça serait peut-être intéressant.
Cerveau : Ou pas. Tu nous connais : on est pas foutus de savoir ce qui nous intéressera dans un mois, et encore moins de rester concentrés dessus, alors on va pas s'engager sur un truc qu'on tiendra pas.
Moi : C'est pas sérieux. On est vieilles, bon sang, on a de l'expérience. On devrait arriver à avoir de la constance et de la discipline et à bosser de manière rationnelle et planifiée.
Cerveau : Mouahahahah.
Moi : Oui. Bon. Cerveau, je suis à la fin de mon billet et j'ai pas de chute, tu peux pas m'en filer une, non ?
Cerveau : Comment veux-tu, tu es partie dans ce billet sans plan ni rien !
Moi : C'est vrai. Bon. Je vais nous faire un thé et jeter un œil au bouquin, alors.
Cerveau : Ne viens pas te plaindre si tu ne dors toujours pas à quatre heures du mat.
Moi : Une infusion ? On a de quoi faire des infusions ?
Cerveau : Ch'ais plus. Va voir dans le placard.
David Bowie, Scary Monsters, 1980.
When I'm just in my own mind, it's a dangerous neighborhood.
David Bowie, interview, 1997.
Moi : Bon, cerveau, cette fois-ci, ça ne rigole plus, l'idée te (nous) trotte dans la tête depuis deux mois, on va se la faire, cette interview.
Cerveau : Ben c'est comme tu veux, c'est vrai que ça fait un moment que tu y penses, depuis que quelqu'un s'était fait un trip semblable sur facebook cet été. Tu t'es dit : ah, je suis pas la seule à parler avec mon cerveau, cool !
Moi : Oui, mais comme d'habitude, je réfléchis des plombes avant de faire quelque chose, même un billet de blog pour blaguer, c'est pénible, cerveau, tu es pénible, en fait.
Cerveau : Je fais ce que je peux.
Moi : Tu rigoles, j'espère ? Tu es le tas de neurones le moins fiable de la galaxie. Cet été, il faisait chaud, tu ramais, t'avais des excuses, mais là, en septembre, c'est quoi ton explication ? Parce qu'entre le mal de crâne et le fonctionnement aléatoire, on peut pas dire que je sois satisfaite de toi.
Cerveau : Alors le mal de crâne, si la médecine déclare forfait, c'est pas moi qui vais faire mieux. Je suis un cerveau normal de femme adulte ayant dépassé la cinquantaine en relativement bon état mais pas flambant neuf non plus. En plus, j'ai pris un coup sur la calebasse il y a trois ans et depuis…
Moi : Oui, bon, ça va, je suis au courant. C'est pour ça que je me dis qu'une petite interview ça peut peut-être aider. Genre mini-thérapie, mettre les choses à plat, voir où on en est.
Cerveau : Et donc, en fait, c'est quoi le problème ?
Moi : (soupir). Le problème, mec, c'est que t'es en boucle sur Bowie depuis que j'ai vue l'expo en mai, et que je fatigue. Je savais que je courais un risque de te remettre dans ce genre d'état mais je pensais pas que ça serait aussi grave.
Cerveau : Ben pourtant, tu sais bien que c'est pour ça que tu as été super prudente pendant des années : pas de surf de Star Wars ni de Bowie, jamais jamais jamais, parce que c'est des puits sans fond et que tu (enfin, je) plonge dans des spirales de recherche de la moindre connerie insignifiante…
Moi : Ce qui me donne l'impression d'être un rat dans une expérience sur la cocaïne. Tu sais, celles où la bestiole n'arrête pas de s'injecter du produit au lieu de bouffer et de faire des trucs normaux de bestiole et en crève. C'est fatiguant. D'autant plus que vois-tu, cerveau, j'ai d'autres choses à faire, comme des bouquins à traduire (pour manger) et un roman à écrire (parce que c'est comme ça), et ça serait pratique si tu voulais bien me dégager de l'espace pour effectuer des tâches importantes au lieu de me fourrer dans un état de mélancolie ridicule parce que je ne suis pas née à temps (et pas au bon endroit) pour voir Ziggy en concert.
Cerveau : Ben, j'essaie. Là, par exemple, tu es en train d'écrire un billet de blog sur le bazar invraisemblable qui règne dans tes intérieurs pensants en espérant que ça va les mettre dans l'ordre et (allez savoir) éclairer tes contemporains par-dessus le marché.
Moi : Voui. Ça fait juste presque quarante ans que je fais ça, écrire des trucs, et j'ai pas l'impression que ça ait changé grand-chose. En fait, le premier exemple de mise en boucle dont je me souviens, ça doit être en fin de sixième. Tu te souviens ?
Cerveau : (regarde en l'air et sifflote).
Moi : Les tags du prétérit. Oui, les trucs en did et didn't. Le prof nous a fait ça à la fin de l'année, et le putain de truc m'est resté en tête pendant je ne sais combien de temps. Pendant les grandes vacances ! J'avais des did et des didn't qui se déclenchaient tous seuls et que je n'arrivais pas à arrêter. C'était chiant, cerveau.
Cerveau : Mais bon, tu as fini par les avoir, les tags fous, non?
Moi : C'était y'a longtemps, mon vieux, mais il me semble que oui, je me rappelle que j'ai fini par réussir à t'empêcher de réciter de l'anglais dans ma tête à tout bout de champ. Mais là, le truc, c'est qu'il faudrait que tu arrêtes de me lancer sur le net à la recherche de bouts de 1977 parce que je dois d'abord finir ce bouquin, et après, je pourrais écrire une novella où je collerai toutes ces infos inutiles que je ramasse en traînant sur le net. Parce que le roman, tu vois, il parait qu'il y a des gens qui l'attendent, et ça fait déjà un moment que je suis dessus et j'aimerais juste le finir et passer à autre chose, comme les gens normaux, au lieu de supporter tes caprices de diva.
Cerveau : Eh, c'est pas ma faute à moi si tu fonctionnes par associations et dérives et pas de manière logique et rationnelle. C'est un peu ce qui te permet d'avoir des idées de textes, si tu vois ce que je veux dire.
Moi : Je ne le vois que trop bien, hélas. J'ai tout un tas de bouts de projets que je traîne depuis des années et que je ne finis pas parce que passé l'enthousiasme de la naissance des idée, je m'emmerde et ça va pas plus loin. (Bowie aussi, faudrait faire une compil des interviews où il parle de projets dont on a jamais rien vu, mais bon, au cas où t'aurais pas remarqué, il a pondu un certain nombre d'album, lui.) C'est très chiant. Et je pourrais avoir des idées sans avoir aussi des bouts de chansons de Bowie qui se déclenchent dans ma tête tout le temps, tu vois. Surtout que je chante faux et je ne joue d'aucun instrument. C'est carrément nul.
Cerveau : Oui, bon, ok, on va essayer d'arranger ça. D'un autre côté, si tu arrêtais d'écouter lesdites chansons, ça éviterait de me les remettre en mémoire. Parce que je suis un vieux machin : les vieilles connexions sont les plus solides.
Moi : Ben il semblerait qu'écouter Bowie ait un effet calmant sur le merdier existentiel qui est le tien en ce moment, cerveau. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.
Cerveau : À qui le dis-tu !
Moi : Je vois. Il est peut-être temps que je te lâche, hein ? Je me dis que je te ferais bien une interview comme ça par mois, ça serait peut-être intéressant.
Cerveau : Ou pas. Tu nous connais : on est pas foutus de savoir ce qui nous intéressera dans un mois, et encore moins de rester concentrés dessus, alors on va pas s'engager sur un truc qu'on tiendra pas.
Moi : C'est pas sérieux. On est vieilles, bon sang, on a de l'expérience. On devrait arriver à avoir de la constance et de la discipline et à bosser de manière rationnelle et planifiée.
Cerveau : Mouahahahah.
Moi : Oui. Bon. Cerveau, je suis à la fin de mon billet et j'ai pas de chute, tu peux pas m'en filer une, non ?
Cerveau : Comment veux-tu, tu es partie dans ce billet sans plan ni rien !
Moi : C'est vrai. Bon. Je vais nous faire un thé et jeter un œil au bouquin, alors.
Cerveau : Ne viens pas te plaindre si tu ne dors toujours pas à quatre heures du mat.
Moi : Une infusion ? On a de quoi faire des infusions ?
Cerveau : Ch'ais plus. Va voir dans le placard.
dimanche 6 septembre 2015
Downton Abbey, première saison
On ne peut pas faire plus réconfortant, comme série.
Ça se passe avant la guerre de 14, dans une famille de l'aristocratie anglaise, confrontée à un imbroglio d'héritage de titre et de succession dont les subtilités m'échappent encore (j'ai dû zapper les moments explicatifs et j'ai la flemme de revenir en arrière). Et donc, il y a une demeure familiale, avec les parents, l'hallucinante grand-mère bornée (mais qui a le sens de la répartie), les trois sœurs qui se déchirent, le père qui est le brave type de la famille et les domestiques qui vivent leur vie au sous-sol de l'existence. Les riches sont riches, les pauvres sont pauvres, les sœurs doivent se marier, l'héritage divise et révèle, et l'Histoire avance à grands-pas sous le regard amusé du spectateur moderne, qui sait que le téléphone et la guerre sont au détour du chemin.
Il n'y a tellement rien de surprenant qu'on est ravi de revenir dans ce monde, épisode après épisode : les aristocrates ont leurs problèmes, ce sont des êtres humains, prisonniers de leur milieu et de leur temps, comme tous les êtres humains depuis le début des temps. Les femmes ont des combats simples à mener : le mariage, les interdits de la haute société, le poids des conventions. C'est insupportable et c'est infiniment rassurant. Comme dans "Le club des poètes disparus", où les archaïsmes contre lesquels se bat le personnage principal sont des archaïsmes d'autrefois, passés, vaincus (qui, de nos jours, en tant que femme, doit se marier pour de sombres histoires d'héritage et de titre et protéger sa réputation des ragots ?), avec les poètes disparus les élèves modernes se sentaient merveilleusement oppressés par une bêtise franche et massive qui n'avait rien à voir avec leur vraie vie, et dans Dowton Abbey, les jeunes filles qui veulent vivre et les domestiques qui veulent sortir de leur condition se heurtent à des murs d'archaïsmes épais, et triomphent — parce que, avec le temps, les choses changent, quoi qu'on fasse et quoiqu'on en dise, et le spectateur moderne est ravi de pouvoir revivre ces combats d'autrefois, d'avoir l'impression de se battre et de triompher, alors qu'il n'a rien fait, sinon rester assis sur son sofa et vivre les victoires des personnages par procuration.
Et comme les acteurs sont excellents, on marche, en se disant qu'on marche pour des ficelles grosses comme des câbles transatlantiques, mais qu'est-ce que ça peut faire ? Les robes sont belles, la vieille comtesse a peur de l'électricité, le majordome apprend à se servir du téléphone, on sent la guerre venir, on sait qu'il y aura des tragédies, et des morts, et la fin d'un monde, mais c'est le passé, bien des problèmes ont été résolus et de toute façon, aucun de ces gens n'a jamais eu à se préoccuper de photos d'enfants morts sur des plages ou de fanatiques destructeurs.
C'est vraiment merveilleux, les séries historiques, où tous les combats et toutes les questions ont déjà trouvé une réponse et où tout est délicieusement exotique et désuet — y compris l'injustice du monde.
Ça se passe avant la guerre de 14, dans une famille de l'aristocratie anglaise, confrontée à un imbroglio d'héritage de titre et de succession dont les subtilités m'échappent encore (j'ai dû zapper les moments explicatifs et j'ai la flemme de revenir en arrière). Et donc, il y a une demeure familiale, avec les parents, l'hallucinante grand-mère bornée (mais qui a le sens de la répartie), les trois sœurs qui se déchirent, le père qui est le brave type de la famille et les domestiques qui vivent leur vie au sous-sol de l'existence. Les riches sont riches, les pauvres sont pauvres, les sœurs doivent se marier, l'héritage divise et révèle, et l'Histoire avance à grands-pas sous le regard amusé du spectateur moderne, qui sait que le téléphone et la guerre sont au détour du chemin.
Il n'y a tellement rien de surprenant qu'on est ravi de revenir dans ce monde, épisode après épisode : les aristocrates ont leurs problèmes, ce sont des êtres humains, prisonniers de leur milieu et de leur temps, comme tous les êtres humains depuis le début des temps. Les femmes ont des combats simples à mener : le mariage, les interdits de la haute société, le poids des conventions. C'est insupportable et c'est infiniment rassurant. Comme dans "Le club des poètes disparus", où les archaïsmes contre lesquels se bat le personnage principal sont des archaïsmes d'autrefois, passés, vaincus (qui, de nos jours, en tant que femme, doit se marier pour de sombres histoires d'héritage et de titre et protéger sa réputation des ragots ?), avec les poètes disparus les élèves modernes se sentaient merveilleusement oppressés par une bêtise franche et massive qui n'avait rien à voir avec leur vraie vie, et dans Dowton Abbey, les jeunes filles qui veulent vivre et les domestiques qui veulent sortir de leur condition se heurtent à des murs d'archaïsmes épais, et triomphent — parce que, avec le temps, les choses changent, quoi qu'on fasse et quoiqu'on en dise, et le spectateur moderne est ravi de pouvoir revivre ces combats d'autrefois, d'avoir l'impression de se battre et de triompher, alors qu'il n'a rien fait, sinon rester assis sur son sofa et vivre les victoires des personnages par procuration.
Et comme les acteurs sont excellents, on marche, en se disant qu'on marche pour des ficelles grosses comme des câbles transatlantiques, mais qu'est-ce que ça peut faire ? Les robes sont belles, la vieille comtesse a peur de l'électricité, le majordome apprend à se servir du téléphone, on sent la guerre venir, on sait qu'il y aura des tragédies, et des morts, et la fin d'un monde, mais c'est le passé, bien des problèmes ont été résolus et de toute façon, aucun de ces gens n'a jamais eu à se préoccuper de photos d'enfants morts sur des plages ou de fanatiques destructeurs.
C'est vraiment merveilleux, les séries historiques, où tous les combats et toutes les questions ont déjà trouvé une réponse et où tout est délicieusement exotique et désuet — y compris l'injustice du monde.
mardi 1 septembre 2015
Loving the alien
But I've read a couple of books about aliens, so the title is perfect.
In 1996, in Cyberdreams, I published a short-story by Ian MacDonald called Frooks. It was precisely about that thing : the allure of the alien, people who where sexually attracted to the extra-terrestrials who had come to Earth, and who dressed up as aliens, thus misleading other poor souls like the story's narrator. I loved this short-story : it inhabited, in literary form, the same territory Ziggy Stardust inhabited in musical and aesthetic terms : the appeal of the strange and nonconformist, expressed by drag queens, campy rock n' rollers and pulpy books with lurid covers.
This is what Yesterday's Kin, by Nancy Kress is about : family and alienness and the way the two interact and mess up people's lives. It's a novella and a 2014 Locus Award and Nebula winner.
Marianne is a geneticist, with three adult children, with whom she has difficulty communicating, but who hasn't ? She has just published an important article in Nature when
aliens arrive on Earth and plonk a ship in the middle of New York. They want Marianne to meet them, with other important people. It turns out that the aliens are not so alien : they're humans, abducted from earth in the past and who have evolved on a different planet. They've come to Earth because they know a cloud of spores is approaching : if nothing is done, it will wipe out humanity.
So all the scientists get to work like mad to try and identify the virus and find a cure, although they know it's almost useless, while the alien invite all the people who belong to their long lost mitochondrial line to join them — and Nathan, Marianne's strange misfit son, learns he was in fact adopted. And finds out that he feels mysteriously at ease and confortable with the aliens. He has found a family whose strange appearance and even stranger customs do not weird him out, on the contrary — the only thing I find slightly disturbing about it is that he feels attracted to his genetic family in a way which isn't explained, scientifically or otherwise. (He stops changing personalities because of a drug he takes, but I don't remember if we're told why, and that's a bit frustrating, even if I didn't think about it when I was reading.)
After reading this (really good, by the way, the quibbles are just that, quibbles) novella, I couldn't help but wonder why we SF people love so much to read about alien customs, when we are, very often, completely put off by real, human social conventions. I know I am. Celebrations. Marriages. Rituals. Customs. There must be something phobic in it, or I wouldn't avoid them that much. But reading about extraterrestrials, or faraway cultures ? No problem.
Thus, this summer, I also read Starship Seasons, by Eric Brown.
He is one of my favorite English writers, I've been reading him since he began publishing in Interzone — I just slowed down a bit these last ten years, and now I have a lot of stuff to go back to. So, Starship Seasons, which is four novellas taking place on the backwater planet Chalcedony, Delta Pavonis. The principal character is David Conway, who has taken refuge there after the death of this daughter and the end of his marriage.
And he finds a new family, in the form of three friends. And they have adventures (sort of), with aliens.
(A necessary aside : this winter, I had to deliberately, forcefully decide I wouldn't watch the reruns of Friends on tv. There's nothing worse, really, than watching these funny tv shows, which are completely depressing, being what lonely people watch when they come home from work. Tv shows that must be deliberately made for them, as an audience : otherwise, why would they be about groups of people being friends and having adventures, not a stupid normal life like you and me ? So, I though there was nothing more awful and depressing than to watch Friends while eating, so I decided not to watch it, even if it is funny— and ended up watching reruns of Stargate. Sigh. Anyway, now I have Netflix.)
So what happens to David Conway in those four novellas is that he meets the alien, and loves it, and is changed by it. The world should be changed to, and it is, but Eric Brown doesn't do what is usually expected of SF writers : extrapolate a whole load of situations out of an idea, what he does, is make the characters evolve and that's so well done even I forgive the not extrapolating thing.
So, in Starship Summer, David Conway go to a scrapyard and buy a spaceship which he turns into a house. No kidding. A spaceship on the beach, travel without the hassle. He even gets visits by aliens from the past and gets to travel to the Golden Column, which turns out to be this new means of travelling in space. Which is sort of better than what the civilisation have already, except Eric Brown is clearly not interested in developping this, the point is that the alien gives you beauty (the Column) and the knowledge that you can travel, if you want. And being the fist novella, we are introduced to the other characters : Hawk, seller of derelict ships, Maddie, a strange woman and Matt, a crystal artist. In Fall, a former holo star comes to Chalcedony, has an affair with Conway (who is famous after the discovery of the first story, but not too famous) and uses him and the local alien Ashentay to settle accounts with the past. The Ashentay have a ceremony called "smoking the bones", in which they use a drug to obtain glimpses of the future — some don't survive it. But again, embracing the alien gives answers to those who are bold enough to embrace it, even if they are hard earned. Conway thinks he has found love but it was a trap, and his friend's alien girlfriend survives the bones' ceremony, while we learn something about his ex-pilot friend. In the next novella, Winter, it is the artist Matt who has travelled the galaxy (Conway's friends travel, not him, he stays on the beach in his spaceship house and drinks beer with them when they come back, this guy has the best life, I tell you !) and who has come back with special stones which he uses to make works of art. Things get complicated when a rival turns out to have tried a kind of telepathic theft of the alien stones. But in the end, wisdom is acquired by everybody who has come into contact with the stones. And in the last story we see Conway in a successful relationship while we learn more about the aliens of Chalcedony.
None of this, I realize, conveys the reason why this book is such a pleasure to read : the engaging characters, the beautifully evoked planet, the wonderful weirdness of the aliens and their various artifacts, the quiet perfect life of a group of people who have drinks and adventures while looking at en alien seaside, and above all the warmth of true friendship.
Much, much better than watching reruns of Friends on tv.
mercredi 5 août 2015
On
ne serait pas partis en vacances.
Pas
plus que les autres années.
On
aurait pas eu les sous mais on n'a jamais fait beaucoup d'efforts
pour avoir des sous.
Pas
le genre d'effort qui dure , le genre où
tu te lèves tôt le matin jour après jour pour t'habiller en costume et supporter
des cons toute la journée.
Tu
détestais les chemises et les boutons (souvenirs d'enfance, photos
de petit garçon endimanché. Revanche
sous forme de t-shirts jusqu'au bout.)
J'ai
jamais été ni douée, ni motivée pour le repassage, le ménage
et toutes ces conneries utiles qui font les bonnes maîtresses de
maison.
Ton
bureau était un foutoir (le mien aussi, mais pas le même).
On
ne serait pas partis en vacances parce que tu ne savais ni faire le
touriste, ni te "reposer". Tu ne savais que faire ce qui
t'intéressait,
et ce n'est pas sur une plage qu'on peut classer sa bibliothèque
itunes par année et écouter le résultat en bossant.
Alors
on aurait passé l'été à Cognac, et la maison, bien située,
serait restée fraîche en dépit de la chaleur.
J'aurais
sorti le hamac quand même, parce que bon, si on part pas en
vacances, on à droit à un hamac dans le jardin, faut pas déconner.
Fin
juin ou à peu près, tu aurais sorti la table Ikea qui se déplie de
la cuisine et tu l'aurais installée sous la véranda. Tu t'y serais
installé pour prendre le petit-dèje (enfin, le café, tu ne
mangeais pas le matin) écrire, ou pour fumer, ou pour lire le
journal. En fin d'après midi, tu m'aurais lu le Canard Enchainé
parlant de la Grèce. Je n'ai jamais lu le Canard enchainé avant
qu'on vive ensemble. Trop paresseuse, trop agacée par la marche
quotidienne de la politique. Je ne l'achète plus du tout.
J.
serait passé et vous auriez fumé ou bu une bière et parlé de
musique. Il
aurait eu des projets et aurait trouvé le moyen de te faire sortir
de la maison pour aller chanter des trucs chez lui. On aurait été
voir la gigantesque expo dans les chais. Été au vernissage, bu du
Cognac avec des inconnus bien habillés, la face bourge et chicos de
la ville. On aurait été contents pour J. Le Cognac aurait été bon
mais pas aussi extraordinaire que la bouteille ramenée de Jonzac par
M.
après qu'il ait été invité à un salon.
On
aurait été faire un tour au festival de Blues, qui n'a plus grand
chose à voir avec le blues mais quelques groupes plus que sympas
dans le parc de la mairie, l'après-midi, assis sur l'herbe au milieu
des touristes et des guitares, pourquoi pas ?
On
aurait été boire l'apéro chez P.,
ou le contraire. M. serait passée en coup de vent depuis chez ses
parents dans le département d'à côté. L., lui aussi en vacances
dans la région, serait venu manger. On aurait utilisé ce chouette
barbecue en dur au fond du jardin, celui qui n'a jamais servi
qu'une ou deux fois par an, en fait. On attendrait
que Natacha descende en vacances. Tu serais fier comme dix Artaban
qu'elle ait été admise en Master à Science-Po. On aurait été au
restau pour fêter ça. Peut-être pas au Sarment Brûlant. Peut-être
au restau indien, ou carrément au truc chicos et cher dont le nom
m'échappe.
Rien
n'aurait changé.
Perle
s'allongerait sous la jardinière en plastique vert suspendue contre
le mur du jardin, à l'ombre, sous le chèvrefeuille. Quand je me
serais installée dans le hamac avec un bouquin, elle viendrait me
rejoindre et se frotterait sur les cordes en se tortillant comme un
jeune chat.
Le
soir venu, les hirondelles voleraient haut dans le ciel et les
chauves-souris frôleraient le haut des arbres.
Nestor
et Athéna partiraient en patrouille sur les toits.
L'altéa
ferait des fleurs rose pâle au cœur entre le fushia et le violet
qui tomberaient et que l'on balayerait tout l'été. Il
pousserait des tomates folles sous les fenêtres de la cuisine. Tu
t'inquièterais de la chaleur au grenier.
Les
bouteilles de bière vides s'accumuleraient peu à peu et on
oublierait de sortir la poubelle la troisième semaine du mois.
J'aurais
été voir l'expo Bowie, peut-être toute seule parce que ça ne
t'intéressait pas et mon obsession ridicule t'agacerait
prodigieusement.
Tu
aurais écrit le bouquin avec tous ces extra-terrestres. Celui dont
je suis la seule à savoir qu'il a potentiellement existé. Ou pas.
Après tout tu
avais écrit le
Train de la réalité parce que tu n'arrivais pas à sortir de cet
univers.
Tu
aurais sans doute continué. À chaque fois que tu terminais un
bouquin il y avait cette période où tu te lançais dans un projet
ou deux qui n'étaient pas, finalement, celui sur lequel tu te
mettais à bosser sérieusement. Je ne sais pas si tu en avais
conscience. Je ne me souviens pas qu'on en ait parlé.
On
ne se souvient de rien, en fait.
Ni
de ce qu'on voudrait, ni de ce qu'il faudrait.
On
est comme un voyageur téléporté sur un continent inconnu et
terrible et qui sait qu'il ne rentrera jamais chez lui.
On
désire le passé tout en sachant qu'il est hors de portée. C'est
ça, la nostalgie. Un espoir qui se sait désespéré mais qui
continue.
Trois
ans ne signifie strictement rien.
On
ne serait pas partis en vacances…
Pas
plus que les autres années…
dimanche 19 juillet 2015
Le petit supplément de David Robert Jones (n°17) :
Twenty-two years ago, I was 20 and spending the summer in the same city I'm living in now, and obsessed with David Bowie.
There are two subjects I normally deliberately stay away from because I know they'll push me into a period of crazed , quasi uncontrollable obsession, and that's Star Wars and Bowie. (Science-Fiction doesn't count.) Star Wars is more or less ok these days, George having gone and maimed it with the prequels, Bowie was silent for about ten years and I hardly noticed, just vaguely wondered now and then what he was up to. But now there's the Bowie exhibition, which I saw in Paris in May, and a record and videos came out, but it has taken me all this time to absorb them. And there's the interwebs, full of pictures and blogs and "lost" interviews.
(And if you're wondering why I'm writing this in English, well, it's simple : it's a test, I want to see how long it'll take me to write a blog entry in English, and I tend to think in the language I read. Besides, I like to think that some of the Bowiephiles on the planet might find this blog and more of them will be able to read it if it's in English.
Silly.
Yeah.
I know.)
I wasn't aware of Bowie before 1983 and Let's Dance.
Well, I guess I'd heard about him (I don't remember, I hate it but I don't). There are only two pictures, and I consider them reconstructions, memories cherished and rewritten because "how I discovered Bowie" is so important to me.
The first is me entering my teenage bedroom, the one I shared with my sister, and hearing this strange, guitar-filled (I wanted to write "guitarry"), twanging, and beautiful, beautiful song. I don't know who is singing and I won't know for years, because, you see, this was the age before the future got dumped on us in the form of the internet).
I have decided that it was Ziggy, because what else could it be ? I have no musical education, was more into Jacques Brel than rock n' roll at the time. If a rock song got played (probably on France Inter) at the time and was so different I payed attention, it has to be Ziggy.
It was Ziggy.
The second is me (again) watching the tv in the family sitting-room in Ussel, Corrèze, France, the one with the cream carpet and the 70's wallpaper, and seeing this incredible, fluorescing, dreamy video, at a time when videos for songs were rare, and really avant-garde and new in the way culture is new when you're under 20.
I guess I knew it was Bowie (they must have told it on whatever programme this was) but it didn't quite register until 1983 and the release of Let's Dance. Which was this incredible pneumatic bouncy song with the strange lyrics and the Australian video with peroxide-haired Bowie, and learning that the guy had had this incredible career, even written a song about himself and his career in Scary Monsters, been this beautiful, strange, camp lad Ziggy and was playing in Merry Christmas Mr Lawrence and The Hunger. Was, in short, an Artist.
This was the first and only time in my life I fell in love with a singer's whole career : not just the music and the lyrics (although Bowie's lyrics have been more than important), but the story, and the way the story was constructed and told, and the way people relate to it.
And the guy was also eerily drop-dead good-looking, a fabulous alien on earth and I'm a Science-Fiction writer, after all.
The ways people relate to Bowie are wonderfully diverse and crazy, and I positively love the idea of all these people who invest even more time and energy in it than I do. It makes one feel a bit less crazy and obsessive. Just a bit.
So, the point of this supplement : my three favorite crazy Bowie acts of love :
David Bowie's area web page.
An old, ugly, flashy and silly site, dedicated to, er, well, yes, I told you they were crazy acts of love. But it's really, really fun. The tone and writing reminds me of the silly fannish things we science-fiction fans used to write in the old days.
A sculpture of Bowie's old teeth by German artist Jessine Hein.
And finally, from Australia, where the David Bowie Is exhibition currently is, the man who relives David Bowie's life.
Will Brooker is a professeur of film and cultural studies at Kingston universities. And he explains that he is… reeacting Bowie's life. Like in, dressing like him and following his supposed diet of milk and red pepper (and coke ???). It's supposed to be for research, but frankly, it looks like some king of DIY therapy to me.
Because, you see, I think I know what depressed, ego-flattened, dark part of me is obsessed with the angelic, creative and oh so rich and well-dressed David Robert Jones.
Even when you've largely become what you wanted to be you want to be someone else, just for one day, or one song.
There are two subjects I normally deliberately stay away from because I know they'll push me into a period of crazed , quasi uncontrollable obsession, and that's Star Wars and Bowie. (Science-Fiction doesn't count.) Star Wars is more or less ok these days, George having gone and maimed it with the prequels, Bowie was silent for about ten years and I hardly noticed, just vaguely wondered now and then what he was up to. But now there's the Bowie exhibition, which I saw in Paris in May, and a record and videos came out, but it has taken me all this time to absorb them. And there's the interwebs, full of pictures and blogs and "lost" interviews.
(And if you're wondering why I'm writing this in English, well, it's simple : it's a test, I want to see how long it'll take me to write a blog entry in English, and I tend to think in the language I read. Besides, I like to think that some of the Bowiephiles on the planet might find this blog and more of them will be able to read it if it's in English.
Silly.
Yeah.
I know.)
I wasn't aware of Bowie before 1983 and Let's Dance.
Well, I guess I'd heard about him (I don't remember, I hate it but I don't). There are only two pictures, and I consider them reconstructions, memories cherished and rewritten because "how I discovered Bowie" is so important to me.
The first is me entering my teenage bedroom, the one I shared with my sister, and hearing this strange, guitar-filled (I wanted to write "guitarry"), twanging, and beautiful, beautiful song. I don't know who is singing and I won't know for years, because, you see, this was the age before the future got dumped on us in the form of the internet).
I have decided that it was Ziggy, because what else could it be ? I have no musical education, was more into Jacques Brel than rock n' roll at the time. If a rock song got played (probably on France Inter) at the time and was so different I payed attention, it has to be Ziggy.
It was Ziggy.
The second is me (again) watching the tv in the family sitting-room in Ussel, Corrèze, France, the one with the cream carpet and the 70's wallpaper, and seeing this incredible, fluorescing, dreamy video, at a time when videos for songs were rare, and really avant-garde and new in the way culture is new when you're under 20.
I guess I knew it was Bowie (they must have told it on whatever programme this was) but it didn't quite register until 1983 and the release of Let's Dance. Which was this incredible pneumatic bouncy song with the strange lyrics and the Australian video with peroxide-haired Bowie, and learning that the guy had had this incredible career, even written a song about himself and his career in Scary Monsters, been this beautiful, strange, camp lad Ziggy and was playing in Merry Christmas Mr Lawrence and The Hunger. Was, in short, an Artist.
This was the first and only time in my life I fell in love with a singer's whole career : not just the music and the lyrics (although Bowie's lyrics have been more than important), but the story, and the way the story was constructed and told, and the way people relate to it.
And the guy was also eerily drop-dead good-looking, a fabulous alien on earth and I'm a Science-Fiction writer, after all.
The ways people relate to Bowie are wonderfully diverse and crazy, and I positively love the idea of all these people who invest even more time and energy in it than I do. It makes one feel a bit less crazy and obsessive. Just a bit.
So, the point of this supplement : my three favorite crazy Bowie acts of love :
David Bowie's area web page.
An old, ugly, flashy and silly site, dedicated to, er, well, yes, I told you they were crazy acts of love. But it's really, really fun. The tone and writing reminds me of the silly fannish things we science-fiction fans used to write in the old days.
A sculpture of Bowie's old teeth by German artist Jessine Hein.
I have bad teeth. I had an operation on my jaw in 1993 to make it longer because I had terrible pains and various jaw troubles I can't even explain in English. Anyway, the artist who did the dentures explains why in this article. And it's really interesting.
«I cannot imagine that a person like David Bowie willingly left the interior design of his mouth to so meone else, so I interpret the pearly whites he got as a bold statement that signalled a new chapter in his career—maybe a comment on the beauty obsession of our society: “You want regulated perfection? Here you have it!”. The transformation was part of his development from alien hero of the heart to world star. My sculpture intends to underline this, as well as pay homage to the eras of the crooked-toothed miracle who fell to earth once upon a time. »
And finally, from Australia, where the David Bowie Is exhibition currently is, the man who relives David Bowie's life.
Will Brooker is a professeur of film and cultural studies at Kingston universities. And he explains that he is… reeacting Bowie's life. Like in, dressing like him and following his supposed diet of milk and red pepper (and coke ???). It's supposed to be for research, but frankly, it looks like some king of DIY therapy to me.
Because, you see, I think I know what depressed, ego-flattened, dark part of me is obsessed with the angelic, creative and oh so rich and well-dressed David Robert Jones.
Even when you've largely become what you wanted to be you want to be someone else, just for one day, or one song.
vendredi 3 juillet 2015
Ça ne se voit pas très bien parce que la photo fut prise rapidement, mais la porte de ce magasin (une bijouterie, j'ai pris le premier venu) était grande ouverte sur son intérieur climatisé, ce matin dans la rue principale de mon chez moi du sud oukilféchaud. En fait, à peu près un magasin sur deux ou trois était porte grande ouverte, comme c'était le cas la semaine dernière quand il a commencé à faire chaud. Ils ont tous la clim, bien sûr. Je ne peux que tenter de deviner la logique commerciale : ça doit rapporter d'attirer ainsi le client qui en passant se trouve soudain raffraîchi gratos. Sinon, pour ceux qui suivent, le Fred Vargas est toujours dans sa vitrine.
jeudi 18 juin 2015
Le jeudi, c'est jour de marché. Mais je passe au moins une ou deux fois par semaine devant la grande vitrine de la Maison de la Presse, ou cet exemplaire de Temps Glaciaires, de Fred Vargas fond progressivement depuis sa sortie — début mars, donc. Il fut un temps ou j'achetai le Fred Vargas de l'année au Salon du Livre, à l'époque où j'y allais — y'a un bail, donc, avant qu'elle vende à des cent milles exemplaires. Là, n'étant pas adepte de la PAL, je ne suis pas pressée et je contemple la lente dégradation de cet exemplaire, non sans mélancolie. (Il est hors de question de me faire refiler celui-là, je n'ai aucune révérence pour les livres, mais si j'achète un livre neuf avec mes sous, j'aime bien qu'il soit neuf, et s'il est abîmé, j'aime bien que ça soit à cause de MA négligence, pas celle du libraire.).
samedi 4 avril 2015
Où notre héroïne, délestée d'une vésicule et pourvue d'une nouvelle augmentation oculaire, repart pour de nouvelles aventures.
Il semblerait que je sois restée plusieurs mois sans nourrir ce blog. Il semblerait également que deux ou trois personnes ne me suivant pas sur le rézosocialkilnefaupasnommer aimeraient savoir pourquoi. Résumons donc :
— J'ai terminé la traduction du volume trois de la série Étiquette & Espionnage, qui devrait paraître en juin.
— Vendu une nouvelle à Galaxie, à paraître en juillet.
— Démarré ce qui devrait être un cycle de nouvelles, avec plein de vaisseaux spatiaux et d'extra-terrestres, la première fera partie de l'antho 42.
— Pondu 470 000 signes de la suite de Haute-École, il en manque sans doute 150 000. Dans un univers parallèle, une version de moi écrit plus vite, mais vous êtes coincés ici avec la version lente. Pas de bol.
— Après avoir passé quelques nuits à me tordre comme une pauv' fille sur mon lit, j'ai fini par passer une échographie, et, lo and behold, j'avais plein de cailloux dans la vésicule. On me l'a donc enlevée. On reste trois jours à l'hôpital mais on est quand même un peu à plat la semaine d'après.
— Je serai au festival Nice-Fiction les 17, 18 et 18 avril. Si vous écrivez des nouvelles, j'animerai un atelier d'écriture et il faut s'inscrire à l'avance. Animerai et participerai, vu que le principe consiste à amener un texte qui sera lu par tous les participants.
— La semaine d'après, je serai à Angers pour le festival ImaJn'ère.
— C'est tout pour aujourd'hui, il paraît qu'on célèbre le printemps et qu'on peut manger du chocolat, heureusement en forme d'œufs et de lapins et pas de crucifié, restes de paganisme oblige. Je vais de ce pas en quérir.
— J'ai terminé la traduction du volume trois de la série Étiquette & Espionnage, qui devrait paraître en juin.
— Vendu une nouvelle à Galaxie, à paraître en juillet.
— Démarré ce qui devrait être un cycle de nouvelles, avec plein de vaisseaux spatiaux et d'extra-terrestres, la première fera partie de l'antho 42.
— Pondu 470 000 signes de la suite de Haute-École, il en manque sans doute 150 000. Dans un univers parallèle, une version de moi écrit plus vite, mais vous êtes coincés ici avec la version lente. Pas de bol.
— Après avoir passé quelques nuits à me tordre comme une pauv' fille sur mon lit, j'ai fini par passer une échographie, et, lo and behold, j'avais plein de cailloux dans la vésicule. On me l'a donc enlevée. On reste trois jours à l'hôpital mais on est quand même un peu à plat la semaine d'après.
— Je serai au festival Nice-Fiction les 17, 18 et 18 avril. Si vous écrivez des nouvelles, j'animerai un atelier d'écriture et il faut s'inscrire à l'avance. Animerai et participerai, vu que le principe consiste à amener un texte qui sera lu par tous les participants.
— La semaine d'après, je serai à Angers pour le festival ImaJn'ère.
— C'est tout pour aujourd'hui, il paraît qu'on célèbre le printemps et qu'on peut manger du chocolat, heureusement en forme d'œufs et de lapins et pas de crucifié, restes de paganisme oblige. Je vais de ce pas en quérir.
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