On ne peut pas faire plus réconfortant, comme série.
Ça se passe avant la guerre de 14, dans une famille de l'aristocratie anglaise, confrontée à un imbroglio d'héritage de titre et de succession dont les subtilités m'échappent encore (j'ai dû zapper les moments explicatifs et j'ai la flemme de revenir en arrière). Et donc, il y a une demeure familiale, avec les parents, l'hallucinante grand-mère bornée (mais qui a le sens de la répartie), les trois sœurs qui se déchirent, le père qui est le brave type de la famille et les domestiques qui vivent leur vie au sous-sol de l'existence. Les riches sont riches, les pauvres sont pauvres, les sœurs doivent se marier, l'héritage divise et révèle, et l'Histoire avance à grands-pas sous le regard amusé du spectateur moderne, qui sait que le téléphone et la guerre sont au détour du chemin.
Il n'y a tellement rien de surprenant qu'on est ravi de revenir dans ce monde, épisode après épisode : les aristocrates ont leurs problèmes, ce sont des êtres humains, prisonniers de leur milieu et de leur temps, comme tous les êtres humains depuis le début des temps. Les femmes ont des combats simples à mener : le mariage, les interdits de la haute société, le poids des conventions. C'est insupportable et c'est infiniment rassurant. Comme dans "Le club des poètes disparus", où les archaïsmes contre lesquels se bat le personnage principal sont des archaïsmes d'autrefois, passés, vaincus (qui, de nos jours, en tant que femme, doit se marier pour de sombres histoires d'héritage et de titre et protéger sa réputation des ragots ?), avec les poètes disparus les élèves modernes se sentaient merveilleusement oppressés par une bêtise franche et massive qui n'avait rien à voir avec leur vraie vie, et dans Dowton Abbey, les jeunes filles qui veulent vivre et les domestiques qui veulent sortir de leur condition se heurtent à des murs d'archaïsmes épais, et triomphent — parce que, avec le temps, les choses changent, quoi qu'on fasse et quoiqu'on en dise, et le spectateur moderne est ravi de pouvoir revivre ces combats d'autrefois, d'avoir l'impression de se battre et de triompher, alors qu'il n'a rien fait, sinon rester assis sur son sofa et vivre les victoires des personnages par procuration.
Et comme les acteurs sont excellents, on marche, en se disant qu'on marche pour des ficelles grosses comme des câbles transatlantiques, mais qu'est-ce que ça peut faire ? Les robes sont belles, la vieille comtesse a peur de l'électricité, le majordome apprend à se servir du téléphone, on sent la guerre venir, on sait qu'il y aura des tragédies, et des morts, et la fin d'un monde, mais c'est le passé, bien des problèmes ont été résolus et de toute façon, aucun de ces gens n'a jamais eu à se préoccuper de photos d'enfants morts sur des plages ou de fanatiques destructeurs.
C'est vraiment merveilleux, les séries historiques, où tous les combats et toutes les questions ont déjà trouvé une réponse et où tout est délicieusement exotique et désuet — y compris l'injustice du monde.
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