Ce blog existe pour plusieurs raisons, mais la principale est, je crois, le fait tout simple que je n'aurais pas pu le faire il y a vingt ans parce que la technologie qui le rend possible n'existait pas.
On n'y pensait même pas.
C'est donc de la SF. Je ne peux pas résister.
L'autre est que cela me permet de noter des choses que j'aurai oubliées dans quelque temps (l'état de ma mémoire ne s'améliorant pas avec les années;-)))).Par exemple, lors du débat sur la terraformation qui a eu lieu aux Utopiales samedi 3 à 19 heures, et auquel participait Grégory Benford et Henri Thiellement (des gens bien plus qualifiés que moi pour parler du sujet…) j'ai eu la surprise d'entendre Benford dire, dès le début, que "nous étions déjà en train de terraformer une planète, la nôtre". Ce qui est exactement ce que je disais dans le post que vous trouverez plus bas, et qui est originellement paru sur l'ancienne version de blog, celle hébergée par Quarante-Deux, en février 2007. Me voilà donc toute contente, et avec une bon alibi pour alimenter cette page avec du recyclé, alibi dont j'ai besoin parce que je suis encore un peu flappie après ces quatre jours… Flappie mais de bonne humeur, hein.
Terraforming Earth
(5 février 2007)
Je ne sais pas ce que vous pensez du sujet, mais moi, depuis quelque temps, j'ai l'impression de vivre à la fois dans Le Troupeau aveugle de Brunner et dans 334 de Disch.
Rappelons que Le Troupeau a pour contexte notre planète ravagée par la pollution, et que dans 334, certains personnages, bien qu'éduqués et intelligents, vivotent sans emploi, ambition et avenir dans une société surpeuplée et rongée par les médias.
"La chaleur est un des déchets que produit la civilisation."
Oui, je viens de passer un bon quart d'heure à relire en diagonale le début d'un roman qui eut à une certaine époque une réputation certaine, mais que j'ai lu fort tard (genre il y a cinq ou six ans, peut-être plus). Résultat, j'ai été déçue et il ne m'en est resté qu'un passage, dans lequel le personnage principal discute avec un extraterrestre des inconvénients d'une société humaine développée. Le plus important étant la chaleur. Le passage m'avait frappée par sa clarté, et par le fait que ce n'était en aucune façon le sujet du livre. C'est juste un truc dont les personnages discutent avant de se lancer dans l'aventure consistant à explorer un gros machin extraterrestre (non, pas Rama). Le réchauffement d'une planète sous l'action de l'industrie, des transports et ainsi de suite est une question comprise et réglée.
Étonnant, non ? Surtout quand on lit ça ou, encore mieux et plus récent, ça , le rapport du GIEC dont vous avez entendu parler toute la semaine si vous écoutez la radio, regardez la télé ou lisez les journaux, sur papier ou sur le net.
Mais le truc le plus fou, c'est que l'Anneau-Monde, d'où est tirée la citation sur la production de chaleur, date de 1973. Le Troupeau étant de 1972 et 334 de 1984. Qu'en ce qui me concerne, vu la date à laquelle j'ai lu les ouvrages concernés (entre seize et vingt ans) ça fait donc plus de vingt ans que j'attends que les gens si intelligents et si instruits qui nous gouvernent comprennent eux aussi…
Ne doutant pas un seul instant que l'agitation médiatique suscitée par le rapport du GIEC ne va pas tarder à retomber tel un soufflé, je reviens à mon quotidien où je trie mes poubelles sans chouiner, j'ai la chance de ne pas avoir besoin d'utiliser ma voiture pour aller travailler (mais je me demande vraiment ce qu'on peut proposer à ceux qui n'ont pas le choix), je ne prends pas l'avion (pour cause de finances rabougries, je ne suis pas une sainte) et autres bricoles, tout en écrivant des bouquins de SF. Et je me dis, ce qui est sûrement un raisonnement pervers et pas politiquement correct de quelqu'un qui a lu trop de livres où l'homme se croit tout puissant, que cette histoire de climat prouve au moins une chose :
On peut terraformer une planète.
Ben oui. On peu avoir une action sur le climat global, et ça ne prend pas des milliards d'années. Bon, d'accord, il faut d'abord que la planète ait eu le temps de se fabriquer un écosystème valable, et le moins qu'on puisse dire c'est que comme terraformateurs, nous sommes plutôt nuls. C'est de la boucherie climatique, pas du grand art. Mais bon, puisqu'on en est là, autant se dire que c'est encore une idée de SF qui est validée par le réel, pas dans les détails, certes, mais dans son principe général.
Et puis, toujours si on y réfléchit, on sait comment interrompre l'emballement de l'effet de serre. J'ai trouvé, il y a quelques mois, un bouquin intitulé Gros temps sur la planète, de Jean-Claude Duplessy et Pierre Morel (Odile Jacob), dans lequel les auteurs font le point sur les connaissances en climatologie et tentent d'examiner l'impact probable de l'homme sur le climat. Le livre datant de 1990, il est "amusant" de voir comment ils prennent toutes sortes de précautions pour présenter leurs conclusions sans sombrer dans le catastrophisme.
Ils donnent comme exemple d'effet de serre inversé celui de l'hiver nucléaire, qui serait déclenché par une guerre atomique à large échelle. Oui, l'hiver nucléaire, plus personne n'en parle puisque le mur est tombé et la que la guerre est devenue économico-pétrolière, mais c'est ça, le truc :
Quelques bombes soigneusement placées devraient créer un nuage de suie (ce qui s'est produit en 1883 lors de l'explosion du Krakatoa, dont on sait qu'elle a causé un refroidissement), qui si j'en crois les auteurs possède une "exceptionnelle efficacité pour aborber les rayonnements du soleil."
Comment ça, c'est une idée tordue ? Comment ça, on ne sait pas exactement quel serait l'impact des nuages de suie dans une atmosphère déjà troublée par notre joyeuse terraformation amateur ? Comment ça on ne peut pas faire péter des bombes n'importe où ?
Pour autant que je sache, l'humanité est plus douée pour se mettre d'accord sur le fait de faire péter des bombes ici ou là que pour prendre des mesures difficiles à expliquer et dont les effets ne sont palpaples qu'à long terme. Je suis sûre qu'on ferait accepter l'idée que des scientifiques ont calculé tout ce qu'il faut pour que la chose se fasse vite et bien plus facilement que celle qu'il va falloir changer de mode de vie à nos contemporains…
L'homme a un problème avec le long terme. C'est une bestiole faite pour réagir vite à des situations graves mais ponctuelles, pas pour se préparer à des actions longues et de grande envergure.
Raison pour laquelle il faut lire Brunner si ce n'est déjà fait, ou, histoire de lui rendre hommage, Terraforming Earth de Jack Williamson (pas traduit, désolée pour ceux qui ne lisent pas en anglais), un excellent roman où il n'est pas (tout à fait) question de terraformation mais de civilisations qui naissent et qui meurent…
Quel rapport ? oh, rien, j'ai seulement l'impression que notre époque ressemble aussi à la fin de l'empire romain…
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