dimanche 26 janvier 2014

La quotidiennitude de la vraie vie de tous les jours…

Chronique des objets de la vie.
Il faut faire avec ce qu'on a et je ne me vois pas, dans un futur proche, partir pour des contrées lointaines-zet-exotiques.

Hier, j'étais aux Lous Régalets, un charmant salon de thé auscitain où m'attendaient néanmoins, entre des meringues roses et autres tartelettes au citron, ceci :

Non, pas le sirop de fruits de la passion, ça c'est classique, mais le sirop de concombre. Oui. Moi aussi ça m'a fait un drôle d'effet, surtout que comme je l'ai déjà dit ici (il me semble), je n'aime pas le concombre, alors l'idée de concombre en sirop…

Sinon, cette semaine, j'ai eu les lardons "sans gluten".

Gné (comme on dit sur les réseaux sociaux). L'esprit, entre les rayons, tente de s'imaginer ce qu'ils faisaient aux lardons, avant, pour qu'il y ait du gluten… 

Et « l'écharpe repositionnable ». 

Oui, car l'écharpe traditionnelle et classique, est un objet droit et raide et que l'on ne peut placer que d'une seule façon — toute droite, comme une canne ? autour de son cou — alors que l'écharpe moderne se love souplement dans toutes les positions que votre imagination pourra proposer à votre esprit avide de nouveauté dans sa lutte éternelle contre le froid. 
Sauf qu'il ne fait pas spécialement froid, cet hiver, il pleut surtout. 
Qu'à cela ne tienne, la semaine prochaine, le parapluie sera sans doute repositionnable aussi. 

dimanche 19 janvier 2014

« La connaissance de la société, notamment dans cette phase violente de la lutte des classes, fait peur, un peu de la même façon que le savoir sur le cosmos. »

Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot, La violence des Riches

Et inversement. 

vendredi 17 janvier 2014

Début de l'année, remplissage de l'agenda et toutes ces choses. Je serai aux Imaginales. Pour vous faire patienter, une photo de l'année dernière, en compagnie de la délicieuse créatrice d'Alexia Tarabotti.


jeudi 31 octobre 2013

Bientôt pas loin de chez vous…

Hmm, donc, voilà, pour la première fois en 10 ans je ne suis pas à Nantes pour les Utopiales. Ben oui, dix ans, parce qu'entre les invitations de Roland et les miennes, j'y étais chaque année, en fait. Si vous m'avez ratée, vous l'avez un peu cherché.
Donc, bon, faire une pause, c'est pas plus mal, sauf que l'humain étant ce qu'il est, il râle un peu de ne pas voir ses potes, alors même que sur place, il râlerait de ne les voir que dix minutes en passant, vu qu'ils sont tous occupés à causer ou à conférencer ou à signer ou à picoler.
J'ai quand même, il faut bien l'avouer, envisagé de me faire un week-end rapidos, sauf que ça n'aurait pas été raisonnable question boulot, car j'ai, mine de rien, une trad en cours et un roman, et quelques salons prévus pour les prochains mois. Donc, si vous habitez Mulhouse, Épinal ou la région parisienne quelques dates pour vos calendriers :


Samedi 9 novembre

Tout Mulhouse lit :

15h30 Space Opera : une certaine idée du cosmos

 Rencontre avec André-François Ruaud, Sylvie Denis et Laurence Suhner animée par Marc Atallah.
Le Space Opera est une composante majeure de la littérature de science-fiction (Dune, Fondation, Hypérion, etc.), largement portée à l'écran (Star Wars, Star Trek, etc.), et qui évoque les voyages dans l'espace, les aventures et les combats entre héros, pistolet-laser au poing, et empires galactiques. Comment se caractérise ce genre ? Qu'interroge-t-il ? Comment écrit-on aujourd'hui du Space Opera ?

Vendredi 13 décembre :

Bibliothèque Épinal :

20 heures, rencontre animée par Stéphanie Nicot. 

Samedi 14 décembre :

10èmes Rencontres de l'imaginaire à Sèvres.

Uniquement l'après-midi, il faudra bien que j'aille d'Épinal à Sèvres.

mercredi 30 octobre 2013

Gravity

Donc, j'ai vu Gravity. 
Une alternance des plus étranges d'effets de réel et d'irréel. Vu en 3d et vf parce que pas le choix (la séance arrangeait la personne avec qui j'y suis allée). Et donc, j'ai pas aimé la voix de Clooney, ça m'a gâché une partie du film. Sinon, toute l'ambiance spatiale est splendide, le scénario possède une espèce de dépouillement de bon aloi, qui réduit néanmoins les situations à des gimmick un chouïa agaçant (marchera, marchera pas ? attrapera un bout de machin pour se rattraper ? se prendre un bidule dans la tronche ou pas ?) Aussi bien le traitement du son que de l'image ont contribué à ce sentiment d'assister à la naissance d'une nouvelle forme de réalisme au cinéma.  Pas de bruit dans l'espace, ok, mais la musique, hein, la musique, du coup on l'entend encore plus et personnellement, ça m'a sortie du film. Caméra subjective renforcée par la 3d, ok, mais quand on passe d'un instant où est prêt à tendre la main pour aider le personnage, ou tâter le revêtement de la station spatiale pour voir l'effet que ça ferait, à un plan d'ensemble où l'on voit le même personnage rebondir façon marionnette cassée et, justement, ne pas l'être, ça crée au final une alternance assez troublante de moment d'hyper-immersion et d'hyper-détachement. 
En fait, je m'attendais à avoir peur et je n'ai pas eu si peur que ça, même si j'ai vraiment, vraiment kiffé l'espace, les stations et toute la belle machinerie. La seule chose dont on est censé avoir peur est qu'elle meure, sauf que comme c'est en caméra subjective, ben elle peut pas mourir, sinon le film il est fini, et de toute façon, quand on est mort, on est mort, on est même plus là pour savoir qu'on est mort, donc à quoi bon se prendre la tête ? 
Ne reste plus donc qu'à le revoir en 2d et vo, pour compenser.

dimanche 11 août 2013

Tel un temple Maya au fin fond de la forêt vierge, englouti sous des siècles d'humus et de végétation, tombant en ruine et où pourtant quelques prêtres continueraient à pratiquer des sacrifices humains pour un public réduit mais irréductiblement fidèle (ou, le Petit supplément de la Mère Denis du Dimanche, n° 14) :

C'est comme ça que je vois certains monuments qui se dressent dans le paysage, inévitables, énormes et inutiles, mais dont on ne peut néanmoins pas se débarrasser, comme des armoires en bois massif dans des maisons de famille. Des trucs d'été. Le Tour de France, l'église catholique, les mariages princiers. Ce sont des mèmeplexes apparemment tellement forts qu'ils faudrait sans doute un effondrement du grand complexe culturel qui nous contient tous et que nous construisons par toutes nos actions pour qu'ils s'effondrent, et personne ne veut ça, hein, un grand effondrement, sauf dans les romans-qui-font-peur.

Un mèmeplexe ? Késako, un mèmeplexe ?

Ah, un memeplexe (en anglais). 

C'est une unité culturelle constituée, un ensemble d'idées, de croyances, d'actions et de gestes, et même de textes associés dans les cerveaux humains et actés par eux dans un contexte social. (Vous voilà bien avancés, hein.) L'été est bourré de mèmeplexes : la plage, le camping,  le 14 juillet, le tubedelété, le Tour de France. Le tout contenu dans le grand mèmeplexe occidental de l'été et et des vacances.

Et donc, chaque année, le fichu Tour de France passe et repasse et tourne et se répète, comme une putain de procession religieuse sur les routes de France et de Navarre et même d'ailleurs, maintenant que, summum de la pureté technoscientifique, ils font prendre l'avion aux vélos.
Et à chaque fois on nous fait le coup du Spectre du Dopage, et des soupçons, et des confessions, et des remords et des aveux (non, c'était pas au hasard, la procession…).
Cette année on a même eu droit au soupçon à rebours, et je me suis demandé, comme à chaque fois, mais qui est-ce qui croit encore à ces conneries, qui suit le Tour de France avec un esprit de sérieux, en croyant dur comme fer à l'effort, à la sueur, à la pédale et la route et à dieu sait quelles autres conneries qu'on fait avaler aux petits garçons pour qu'ils finissent bourrés d'epo sur des vélos comme personne ne peut s'en payer dans le monde réel ? Qui ?
D'où le temple Maya. Le Tour de France, c'est un mèmeplexe dont les participants ont raté l'entrée dans le 21ème siècle. Ils ne savent pas, les malheureux, que leurs coureurs sont déjà, depuis longtemps, des hommes augmentés. Ben oui. Augmentés de leur bicyclettes, depuis le début. Songez donc, tout de même, au temps pendant lequel l'homme n'en a pas eu, ou que ce soit sur la Terre, de vélocipède. Ça en fait, du temps et des hommes (et des femmes) qui ont marché à pied. Et voilà qu'il y a cent et quelques années à peine (j'ai la flemme de vérifier) d'autres gens, mais des gens tout de même, tous fiers de quelques milliers d'années de métallurgie et de mécanique, on eut eu l'idée géniale de la bicyclette, laquelle, quelques molécules et médias plus tard, est ce que l'on sait et sur quoi on a posé des questions à Pierre Bordage dans 20minutes.
Il a raison, Pierre Bordage, de dire que le dopage sera génétique, mais comme on ne lui pose pas la question, il ne dit pas ce que personne, d'ailleurs, ne dit jamais : qu'il manque au mèmeplexe du sport l'outil intellectuel d'analyse de son rapport avec la technique qui lui est pourtant consubtantielle. Et ça ne me gênerait pas plus que ça si chaque année, les mêmes chansons ne nous étaient pas chantées et rechantées avec un aplomb et un sérieux défiant toute concurrence…

Tous ces gens devraient avoir lu Mine de rien et le Weltraumball, me dis-je, songeant aux conversations que nous avions et où je répétais à chaque fois que tous ces braves sportifs n'avaient qu'à tous prendre la même chose et nous foutre la paix avec leurs tourments existentiels d'un autre siècle.

Et donc, c'est l'été, le Tour de France est terminé depuis un moment, les histories de dopages continuent mais tout le monde s'en fiche ou presque, il fait moins chaud que quand j'ai commencé ce billet il y a deux semaines. Lisez ou relisez le Weltraumball.

samedi 13 juillet 2013

Le petit supplément de la mère Denis du dimanche n°13 :

Où il sera question d'un film ou deux, de chaleur, de concombres, de bouquins,  et du capitaine Albator…

C'est donc officiellement et réellement l'été, avec de la chaleur véritable qui vous gonfle les pieds et vous ramolli le cerveau, et vous oblige pour fonctionner à consommer du cola de worldcompany avec du citron et des glaçons… On va aussi manger des salades.
On va donc manquer, comme tous les étés, d'un gadget spécial pour les gens comme moi qui abominent cette invention de la nature dévoyée et perfectionnée par les hommes, j'ai nommé le concombre, ce végétal verdâtre et aqueux et néanmoins pas bon que d'aucuns persistent, les sadiques, à réduire en petits morceaux et à planquer dans les plats, en gâchant irrémédiablement le goût. (Sauf si les ingrédients sont assez forts pour le masquer, le goût, mais c'est rare.) On devrait donc, (si on vivait dans un monde idéal et pas comme c'est évident dans un univers de dix-huitième zone tout pourri où l'ump demande la charité au début de l'été parce que son duce n'a pas été foutu de faire sa compta comme vous et moi…), on devrait donc, disais-je, disposer d'un détecteur de concombres qui vous avertirait poliment de la présence dudit légume dans les plats et vous permettrait de lazériser le fragment jusqu'à disparition de la dernière molécule. Mais non, personne n'a encore inventé la chose, on ne peut pas compter sur le complexe militaro-industriel quand on en a vraiment besoin.

Enfin bon, y'a pas que la bouffe dans la vie, y'a aussi les films et les livres.

J'ai donc vu le Hobbit. Ça doit faire une semaine ou deux (ou trois, à la vitesse ou j'écris et publie mes billets) et je pensais déjà à la fin du visionnage que  ce film avait une espèce de maîtrise technique que n'avait pas le Seigneur des Anneaux, mais que bon, Peter Jackson se l'était jouée pépère, j'assure mes trois films, j'ai Gandalf de toute façon, suffit d'ajouter de l'action là où y'en a pas dans le livre et ça le fait. Je pensais donc déjà ça juste après l'avoir vu, et c'est pire deux (trois !) semaines après : pas d'ennui sur le moment mais c'est tout, et à part quelques trolls, des nains (ils ont beau faire, le nain tragique fait beaucoup d'efforts pour avoir l'air, hem, tragique, mais n'envoie pas autant de bois que Viggo en Aragorn…) et de l'elfe classieux, je ne me souviens de rien…

J'avais laissé passer Looper, le vendre sur la mafia n'étant pas une bonne idée pour moi.
 En fait, ce n'est pas un film sur des méchants qui butent d'autres méchants grâce à des machines à voyager dans le temps. C'est un film sur le temps, la façon dont les gens vieillissent et changent, sur comment vivre avec des ambitions pour l'avenir et ce qu'il  en advient ou pas. Et y'a du paradoxe temporel joliment tordu et une bonne fin ouverte. Bonne surprise, en fait.

Et là le lecteur me demande, mais tu ne lis rien en ce moment ?
Ben pas trop, je suis un peu assommée depuis que repassée sur le billard pour m'enlever un bout de ferraille placé sur mon poignet droit. Et puis j'essaie de bosser sur La Substance des Dieux, suite-tant-attendue de Haute-École, et ça me prend du temps de cerveau.

J'ai quand même terminé Existence, de David Brin, et ma foi, arriver à écrire un bouquin de premier contact qui colle à une extrapolation à partir de notre monde, moi je dis chapeau. Ça se passe donc dans le vaste univers qui pourrait bien être le notre, avec divers protagonistes dont un fils à maman qui  pilote des mini fusées suborbitales pour passer le temps, une journaliste hyper-connectée aux foules qui le sont encore plus et participent plus qu'activement au monitoring généralisé de la planète par les méga-réseaux et autres micro-caméras omniprésents, un chinois qui tente de se sortir de la mouise en réhabilitant une demeure de milliardaire déchu sur une côte rongée par la montée des océans, et un astronaute qui découvre un artefact étrange en ramassant des déchets. 




L'artefact en question est en fait un moyen de communiquer avec des civilisations extraterrestres, mais comme Brin a choisi de jouer le jeu de ce que nous connaissons vraiment des lois physiques de notre univers (distance des étoiles, coût énergétique, etc…) hé bien, la communication n'est pas celle dont on a l'habitude et les paliers de révélations sont des plus satisfaisants pour l'amateur. Lecture recommandable donc, même si le sort de certains des personnages est un peu escamoté par les ellipses nécessaires à l'avancement de l'histoire du contact avec les ET. (Et pour ceux qui se poseraient la question… il y a des dauphins.)



Et donc, à part ça, l'été enfin là est pas mal japonais en ce qui me concerne, vu que je me suis remise au manga Pluto, du même auteur que le très excellent Twenty Century Boys. Mais je n'ai pas terminé, donc ce sera pour une prochaine supplémentation. 
J'ai par contre vu Shokuzaï, de Kiyoshi Kurosawa, à l'origine une série télé en quatre parties, diffusée en deux films ici. Quatre fillettes sont témoins de la disparition et de l'assassinat d'une amie, quinze ans après, aucune n'est sortie indemne de l'aventure et chaque partie retrace son destin. Ça fonctionne très bien, c'est subtil et bien filmé, à peine long par moments, sans pénibleries à sérial killer et autres casse-pieds obligatoires par chez nous, mais avec une thématique sur la mémoire, la culpabilité, le destin et le libre arbitre tout à fait séduisante. 

Et sinon, ben y'a Albator. 
Et pour situer la problématique, il faut vous représenter que jusqu'à il y a quelques semaines Albator n'était plus pour moi qu'un souvenir assez lointain mais étrangement nostalgique, celui d'avoir vu un nombre indéterminé d'épisodes des aventures d'un personnage délicieusement sombre, nostalgique et séduisant et qui m'avait laissée sur ma faim de romantisme pirate. La vie et la curiosité étant ce qu'elles sont, je ne savais même pas qu'il y avait eu une seconde série diffusée dans les années 80 (époque à laquelle j'avais autre chose à faire que regarder les émissions pour enfants !) et tout en ayant appris depuis ce qu'étaient les mangas, je n'avais jamais fait l'effort de retrouver les origines de l'homme au bandeau. Et donc voilà, je suis tombée sur cette bande annonce il y a peu et là, choc et stupéfaction : l'image de synthèse, sans prévenir, a redonné vie au capitaine, et m'a redonné envie de revoir les dessins animés. Je dis donc et je maintiens que la première série (Albator 78) se tient mieux au niveau scénario que celle des années 80 (Albator 84). Le reste est joyeusement compliqué par les multiples productions de diverses séries adaptées (ou pas) de divers mangas, mais je retiendrai Cosmowarrior Zero pour la thématique d'opposition entre le pur pirate et le "collaborateur" avec le pouvoir. En attendant le film, qui sort en septembre au Japon et dieu sait quand en France…

Sur quoi il me semble avoir suffisamment supplémenté votre fête nationale pour mériter d'aller me coucher…

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