Ordoncques, après avoir longuement (cinquantes piges en novembre, hébéoui…) réfléchi à la question, je pense pouvoir dés à présent vous donner la permission, pour demain et les temps à venir de quand de je serai mourue et de toute façon pas en mesure de protester de quelque façon que ce soit, de me qualifier d' « écrivain de science-fiction » si ça vous chante.
Parce qu'il faudrait, pour ne pas se sentir diminué, appauvri et en quelque sorte pas assez anobli, ne pas assumer ce que l'on est et qu'en ce qui me concerne j'ai toujours voulu être. Il faudrait vouloir être un écrivain dans une sorte de pureté de l'être dont je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a quelque chose à voir avec les Idées de Platon et les anges du ciel et toutes ces choses qui ne sont là, dans l'esprit de certains, que pour souligner le fait que nous vivons dans une réalité de seconde catégorie.
Seconde catégorie mon cul.
Il est bien possible que pour certains « écrivain de science-fiction » ou « de polar », ou de ce qui vous plaira, soit situé moins haut dans l'échelle de l'écritude qu'écrivain d'auto-fiction, ou de best-sellers, ou de blablateries petites-bourgeoises ou de sérials-killers mais… c'est leur problème.
C'est leur problème de croire qu'on peut être un écrivain sans écrire quelque chose. Écrivain dans une sorte de monde idéal et dépourvu de la salissure des genres et de leurs nécessités. Écrivains ici et maintenant, là où l'on se trouve et où l'on veut être, et reconnu par les gens pour qui on a un minimum de considération, d'admiration et parfois même de respect. Et lu, avec un peu de chance, par des gens qui partagent vos goûts et vos lectures.
C'est leur problème si leur petite caboche de plumitifs de la presse généraliste, de programmateurs de chaînes de télé à la con et de conservateurs de littérature du siècle avant dernier n'est pas capable de se fourrer dans le crâne qu'ils sont passés à côté de leur époque en passant à côté des genres. Leur problème, pas le mien. Qui n'en ait aucun avec le concept de genre ou avec le fait que les auteurs existent dans le vrai monde, ou les bouquins sont vendus sur des étagères avec des étiquettes et des couvertures et où les auteurs ne sont pas de purs esprit œuvrant dans le firmament du verbe, mais des gens assis le cul sur des vraies chaises qui payent leurs vraies factures avec du vrai argent qu'ils tirent de leur vrai travail, comme tout un chacun.
Alors, regretter qu'on me considère comme un écrivain de SF ? Quelle drôle d'idée.
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