Noël, si on y réfléchit bien, n'est en fait, pour la plus grande partie de notre existence, qu'un interminable, inutile et douloureux exercice de nostalgie.
Je ne me souviens pas d'avoir "cru" au Père Noël. Je me souviens d'avoir attendu qu'une puissance abstraite et merveilleuse — et dont l'existence n'était attestée que par la parole de mes parents — fasse se matérialiser des cadeaux sous un sapin (un vrai, qui clignotait et qui sentait bon et dont l'odeur disparaissait avec l'assèchement de ses innombrables et traîtresses aiguilles et les protestations de ma maman, qui allait devoir les ramasser… )
Je me souviens d'avoir, en tant que grande sœur, prétendu qu'il existait pour mon petit frère, plus jeune, et qui y croyait encore. Noël était donc déjà, à ce compte là, un souvenir.
Une invention, et pas un mensonge.
Les parents ne mentent pas en parlant du père Noël, et s'ils mentent, combien d'enfants les croient-ils bêtement, sans jamais les questionner ? Mes parents avaient des réponses à toutes les questions que pouvaient poser leurs filles en quête de la vérité noëlliene. Essayer de savoir si l'on vous fait marcher, et comment, et jusqu'à quel point, fait partie du jeu. Et quel enfant n'a pas été ravi d'avoir deviné, et en devinant, d'être passé dans le monde des adultes, ou la parole est reine et instaure l'existence de la magie ?
Plus tard, on revient chez ses parents pour essayer de la faire revivre, durer, revenir. En vain. Les madeleines ne sont pas des machines à voyager dans le temps. Je suppose que les gens qui font des enfants s'efforcent de leur donner ce qu'ils ont reçu — ou pas, de toute façon, rien de tout ça n'existe plus ailleurs que dans leurs mémoires.
J'essaie d'imaginer comment mes nièces se rappelleront un jour de leurs Noëls.
Un interminable exercice de nostalgie…
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